Entretien avec Catherine Zuber : « La force de la nouvelle grande région Grand Est est que nous allons pouvoir structurer et essaimer les plus belles pépites de territoire »
Suite des entretiens avec les nouvelles administratrices du RTES (Réseau des territoires de l’économie solidaire), avec ce mois-ci : Catherine Zuber, conseillère régionale déléguée à l'ESS (Economie sociale et solidaire) et à la vie associative pour la Région Grand Est. Sur ses chantiers actuels en matière d'ESS, elle revient pour nous sur le processus de fusion des trois anciennes régions. Un entretien qui est aussi l'occasion de connaître son parcours et ses attentes vis-à-vis du RTES.
Qu'est-ce-qui vous a amené à vous intéresser à l'ESS ?
Je suis issue du monde de l'entreprise, ayant fait ma carrière dans une entreprise industrielle et familiale. Par ailleurs, j'ai été adjointe à la Ville de Strasbourg en charge de l'action sociale et de l’insertion pendant sept ans. Dans mon parcours, la notion d'ESS est une évidence. Etre aujourd'hui conseillère régionale déléguée à l'ESS représente pour moi l’aboutissement d’années d'engagement orientées vers la promotion d’une économie au service de l'Homme.
Quels sont vos chantiers actuels ?
Le 18 novembre dernier, nous avons adopté un ensemble de trois dispositifs en faveur de l'ESS : "Grand Est emploi associatif", "Grand Est Bourses émergence SCOP/SCIC" et un Appel à Manifestation d’Intérêt "initiatives territoriales innovantes".
Aujourd'hui, nous travaillons à l'intégration de l'ESS dans l'écriture du SRDEII (Schéma régional de développement économique d'innovation et d'internationalisation) dont les grandes orientations ont été données en décembre, après six mois de co-construction.
Jusqu’à présent, nous avons convié les entreprises, dont celles de l'ESS, dans l'élaboration du SRDEII et organisé trois conférences territoriales de l'ESS en lien avec les CRESS des anciennes régions. Une journée de visites/rencontres a eu lieu le 8 novembre en Lorraine sur la thématique "ESS & Silver économie". Une deuxième journée, consacrée à "Économie durable et circuits courts", nous a emmené, le 9 novembre, en Champagne-Ardenne. Enfin, le 10 novembre, nous étions en Alsace pour réfléchir sur l’entrepreneuriat et les initiatives citoyennes.
Actuellement, nous travaillons sur la synthèse de ces rencontres. Le point d'orgue étant la Conférence régionale de l'ESS que nous venons d'organiser à Metz, le 3 février. Cette conférence a permis d'approfondir notre démarche et d’intégrer dans le SRDEII des propositions particulièrement riches en matière d’économie sociale et solidaire.
Ainsi, le SRDEII contiendra un volet ESS dont voici les principaux axes :
-le développement de la vie associative, notamment par la formation des bénévoles et l'appui aux têtes de réseaux et aux fédérations d'éducation populaire.
-un soutien très fort au secteur de l'IAE (Insertion par l’activité éco), avec un programme de formation pour les salariés en insertion.
-le développement de l’innovation sociale.
-un appui fort à la création d'entreprises, et à la formation des entrepreneurs sociaux.
Comment vivez-vous la fusion des trois anciennes régions en nouvelle région Grand Est ?
Je me réjouis de voir à quel point il y a une volonté sur les différents territoires de se prendre en main et une grande curiosité pour aller voir ce qui se fait ailleurs. La force de la nouvelle grande région Grand Est est que nous allons pouvoir structurer et essaimer les plus belles pépites de territoire. Il est permis d’imaginer que le savoir-faire en matière d’écologie industrielle, développé par le PTCE (pôle territorial de coopération économique) de Florange pourrait, par exemple, être déployé sur d’autres territoires de la région.
Ce chantier de la fusion donne l’occasion aux acteurs d'apprendre à se connaître, à s'appréhender. Cela prend forcément du temps et nous fait parcourir beaucoup de kilomètres. Mais la curiosité que la démarche suscite est très encourageante. Je le vois avec le rapprochement de têtes de réseaux qui se met en œuvre sans que quiconque ne l’exige (Voir notre article « zoom sur »: Insertion par l’activité économique Grand Est : Innover et Agir pour l’Emploi). Le Conseil régional joue un rôle de facilitateur, il est légitime à le faire, et rassemble tous ceux qui veulent « faire grande région » en co-construisant ces nouvelles politiques.
Au mois d’avril, nous voterons la stratégie ESS incluse dans le SDREII, et en juin prochain, nous aurons remplacé tous les anciens dispositifs.
Enfin, la nouvelle organisation de la grande région va permettre d'être à la fois plus grand et plus proche, car nous avons créé douze agences territoriales de la Région Grand Est, une par bassin de vie, assurant ainsi une proximité avec les habitants, les associations et les entreprises.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis du RTES et quel pourrait être le rôle des Conseils régionaux au sein de notre réseau ?
Pour le moment, je découvre encore le RTES. Je suis ravie de voir que c'est un réseau vivant. Les formations proposées, à distance ou sur place, sont tout à fait épatantes. Pour moi c'est de l'or ! Cela me nourrit pour répondre aux nouveaux enjeux. C’est pourquoi j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt la dernière conférence en ligne sur les « communs ».
Quand je rencontre des élus de territoires intéressés par l’ESS au niveau de la région Grand Est, je sens qu’ils aimeraient participer à des échanges d'expériences à l'échelle de la région et que le Conseil régional serait légitime à les réunir. C'est encore trop tôt, mais peut-être peut-on réfléchir à une déclinaison du RTES au niveau régional ? Dans tous les cas, c’est pour moi une belle occasion de promouvoir le RTES auprès d’eux.