Les projets pour la transformation écologique et solidaire, avec les collectivités locales, au travers du prisme des communs
Au cœur des solutions diversifiées pour construire des modèles durables de transition, écologique et solidaire, émergent « les communs », mobilisant, à côté des formes d’action collective déjà bien connues et documentées, de nouveaux collectifs d’habitant·es et des équipes municipales renouvelées. Ils constituent des nouveaux modèles attrayants pour bon nombre de collectivités locales, confrontées aux problématiques environnementales et démocratiques.
La Coop des Communs, avec le soutien de l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, a animé pendant 18 mois une étude avec de très nombreux acteur·ices engagé·es sur les relations entre communs et collectivités locales, et la participation du RTES. Le RTES compte poursuivre ce travail avec la Coop des Communs avec notamment l'organisation d'un webinaire au 1er semestre 2023 et d'une rencontre au 2ème semestre 2023.
Forum communs et collectivités, c'est parti depuis ce matin ! Restitution du premier atelier avec les réflexions et propositions sur postures, positionnements, fabrication et entretien du commun pour la transition sociale et écologique pic.twitter.com/Lm1eTV548K
— La Coop des Communs (@CoopdesCommuns) December 8, 2022
Organisée jeudi 8 décembre 2022 à la Caisse des Dépôts, cette journée est un temps de conclusion et de mise en perspective du travail mené de mai 2021 à décembre 2022, et un espace pour aboutir à des pistes de recommandations. Patricia Andriot, vice-présidente RTES intervenait à la table ronde de clôture « Quels échos de ce travail au sein des collectivités locales et des financeurs ? », animée par Diane de Mareschal, responsable enjeux territoriaux à l’Institut pour la Recherche Caisse des Dépôts. Retrouvez son retour de la journée et les principaux éléments de son intervention :
"Cette notion émergente de communs contribue à proposer des solutions pour répondre aux transitions en cours et pour lesquelles le modèle libéral montre toutes ses limites. L'économie sociale et solidaire est au coeur de ces nouvelles approches tout comme cela réinterroge le rôle des pouvoirs publics. La participation du RTES à cette journée et au suivi des travaux de la Coop est donc toute naturelle.
Face à des crises qui se succèdent et au moment où l'impérative nécessité de changement de modèle gagne l'inconscient collectif sans que chacun sache exactement comment faire, chacun se trouve assez désarçonné : acteurs comme pouvoirs publics.
On peut retenir de cette journée que si le constat de l'impuissance ou l'incapacité des pouvoirs publics (Etat et collectivités), sont mis en avant, la capacité à formuler une nouvelle relation ou un nouveau modèle est moins évidente.
La matinée consacrée à l'approche du concept et au témoignage d'expériences l'illustrant a assez nettement mis en évidence les carences des pouvoirs publics et leur tâtonnement en la matière.
L'après-midi, consacré aux outils de mise en oeuvre des communs (juridiques, financiers, de gestion), renvoyait directement à une relation finalement classique avec ces mêmes pouvoirs publics.
La table ronde conclusive dans laquelle je représentais le RTES a bien illustré cette situation assez paradoxale et la confusion du moment ou chacun se cherche pour réinventer de nouvelles façons de faire.
Pour ma part, et au nom du RTES, en rappelant qui nous étions et donc que nous représentons des collectivités, plutôt avant-gardistes ou sensibles au sujet, j'ai fait plusieurs remarques :
- Oui, le moment est confus et il faut reconnaitre l'errance , la confusion de l'action publique en la matière, des pouvoirs publics qui ne sont pas organisés pour répondre rapidement à ces enjeux nouveaux : des organisations en silos quand les communs demandent de la transversalité, un pas de temps annuel quand les communs ont besoin de temps long, des outils financiers bilatéraux et prévus pour répondre à un objet clair quand il faut savoir formaliser le tâtonnement de la construction collective entre acteurs et pouvoirs publics.
- Il faut dépasser les cercles de l'entre-soi militants ou d'élus habitués aux discussions de réseaux, pour entendre que la société dans sa complexité et sa diversité veut souvent des solutions simples, rapides et répondant à des enjeux contradictoires... et que tout un chacun n'est pas militant ou volontaire pour rechercher la solution. Il y a une injonction contradictoire vis- à-vis des pouvoirs publics qui se traduit par une grande défiance mais aussi une grande attente : on ne croit plus à l'efficacité de l'action publique mais on lui demande encore de trouver des solutions face à l'accélération des transitions.
- Attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain ... relayer un discours de défiance vis-à-vis des pouvoirs publics revient à installer l'idée de "on ferait mieux" et on va réinventer un collectif autre ... en oubliant un peu vite que c'est exactement la mission des pouvoirs publics que d'organiser cet intérêt général, ce commun... et qu'il faudra du temps pour cela ; dispose-t-on de ce temps ?
- L'action publique tente d'évoluer tant dans les collectivités qu'au niveau de l'Etat : un renouvellement de l'approche contractuelle se cherche, des expériences de collectivités qui mettent en place de la co-construction se multiplient, les collectivités qui repensent l'approche et la gestion de communs, sur l'eau, les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l'éducation, l'alimentation, etc ... se multiplient tant en France qu'au niveau européen et mondial. Les travaux menés par la coop des communs ont regardé cela et c'est à saluer ; il faut reconnaitre que cela commence à dépasser aujourd'hui le cercle d'initiatives militantes pour essaimer sans toutefois faire encore système.
Sans du tout nier l'incapacité, l'incomplétude, les manquements actuels de l'action publique, il faut sans doute co-construire pour ré inventer ensemble de nouveaux modèles, plutôt que de vouloir remplacer l'existant ..."
Résumé
Les projets pour la transformation écologique et solidaire, avec les collectivités locales, au travers du prisme des communs
Au cœur des solutions diversifiées pour construire des modèles durables de transition, écologique et solidaire, émergent « les communs », mobilisant, à côté des formes d’action collective déjà bien connues et documentées, de nouveaux collectifs d’habitant·es et des équipes municipales renouvelées. Ils constituent des nouveaux modèles attrayants pour bon nombre de collectivités locales, confrontées aux problématiques environnementales et démocratiques.
La Coop des Communs, avec le soutien de l’Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, a animé pendant 18 mois une étude avec de très nombreux acteur·ices engagé·es sur les relations entre communs et collectivités locales, et la participation du RTES. Le RTES compte poursuivre ce travail avec la Coop des Communs avec notamment l'organisation d'un webinaire au 1er semestre 2023 et d'une rencontre au 2ème semestre 2023.
Forum communs et collectivités, c'est parti depuis ce matin ! Restitution du premier atelier avec les réflexions et propositions sur postures, positionnements, fabrication et entretien du commun pour la transition sociale et écologique pic.twitter.com/Lm1eTV548K
— La Coop des Communs (@CoopdesCommuns) December 8, 2022
Organisée jeudi 8 décembre 2022 à la Caisse des Dépôts, cette journée est un temps de conclusion et de mise en perspective du travail mené de mai 2021 à décembre 2022, et un espace pour aboutir à des pistes de recommandations. Patricia Andriot, vice-présidente RTES intervenait à la table ronde de clôture « Quels échos de ce travail au sein des collectivités locales et des financeurs ? », animée par Diane de Mareschal, responsable enjeux territoriaux à l’Institut pour la Recherche Caisse des Dépôts. Retrouvez son retour de la journée et les principaux éléments de son intervention :
"Cette notion émergente de communs contribue à proposer des solutions pour répondre aux transitions en cours et pour lesquelles le modèle libéral montre toutes ses limites. L'économie sociale et solidaire est au coeur de ces nouvelles approches tout comme cela réinterroge le rôle des pouvoirs publics. La participation du RTES à cette journée et au suivi des travaux de la Coop est donc toute naturelle.
Face à des crises qui se succèdent et au moment où l'impérative nécessité de changement de modèle gagne l'inconscient collectif sans que chacun sache exactement comment faire, chacun se trouve assez désarçonné : acteurs comme pouvoirs publics.
On peut retenir de cette journée que si le constat de l'impuissance ou l'incapacité des pouvoirs publics (Etat et collectivités), sont mis en avant, la capacité à formuler une nouvelle relation ou un nouveau modèle est moins évidente.
La matinée consacrée à l'approche du concept et au témoignage d'expériences l'illustrant a assez nettement mis en évidence les carences des pouvoirs publics et leur tâtonnement en la matière.
L'après-midi, consacré aux outils de mise en oeuvre des communs (juridiques, financiers, de gestion), renvoyait directement à une relation finalement classique avec ces mêmes pouvoirs publics.
La table ronde conclusive dans laquelle je représentais le RTES a bien illustré cette situation assez paradoxale et la confusion du moment ou chacun se cherche pour réinventer de nouvelles façons de faire.
Pour ma part, et au nom du RTES, en rappelant qui nous étions et donc que nous représentons des collectivités, plutôt avant-gardistes ou sensibles au sujet, j'ai fait plusieurs remarques :
- Oui, le moment est confus et il faut reconnaitre l'errance , la confusion de l'action publique en la matière, des pouvoirs publics qui ne sont pas organisés pour répondre rapidement à ces enjeux nouveaux : des organisations en silos quand les communs demandent de la transversalité, un pas de temps annuel quand les communs ont besoin de temps long, des outils financiers bilatéraux et prévus pour répondre à un objet clair quand il faut savoir formaliser le tâtonnement de la construction collective entre acteurs et pouvoirs publics.
- Il faut dépasser les cercles de l'entre-soi militants ou d'élus habitués aux discussions de réseaux, pour entendre que la société dans sa complexité et sa diversité veut souvent des solutions simples, rapides et répondant à des enjeux contradictoires... et que tout un chacun n'est pas militant ou volontaire pour rechercher la solution. Il y a une injonction contradictoire vis- à-vis des pouvoirs publics qui se traduit par une grande défiance mais aussi une grande attente : on ne croit plus à l'efficacité de l'action publique mais on lui demande encore de trouver des solutions face à l'accélération des transitions.
- Attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain ... relayer un discours de défiance vis-à-vis des pouvoirs publics revient à installer l'idée de "on ferait mieux" et on va réinventer un collectif autre ... en oubliant un peu vite que c'est exactement la mission des pouvoirs publics que d'organiser cet intérêt général, ce commun... et qu'il faudra du temps pour cela ; dispose-t-on de ce temps ?
- L'action publique tente d'évoluer tant dans les collectivités qu'au niveau de l'Etat : un renouvellement de l'approche contractuelle se cherche, des expériences de collectivités qui mettent en place de la co-construction se multiplient, les collectivités qui repensent l'approche et la gestion de communs, sur l'eau, les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l'éducation, l'alimentation, etc ... se multiplient tant en France qu'au niveau européen et mondial. Les travaux menés par la coop des communs ont regardé cela et c'est à saluer ; il faut reconnaitre que cela commence à dépasser aujourd'hui le cercle d'initiatives militantes pour essaimer sans toutefois faire encore système.
Sans du tout nier l'incapacité, l'incomplétude, les manquements actuels de l'action publique, il faut sans doute co-construire pour ré inventer ensemble de nouveaux modèles, plutôt que de vouloir remplacer l'existant ..."