Dans le cadre de son cycle sur l’alimentation durable, le RTES organisait un temps d'échanges pour les collectivités autour du thème de l'agriculture urbaine. Retour sur cette conférence qui a rassemblé 80 participants.
(Re)voir la conférence en ligne :
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Accompagner la construction d’une ferme urbaine multifonctionnelle dans un quartier en renouvellement urbain - Sandrine Forzy, Cheffe de projet agriculture urbaine et renouvellement urbain, ville de Lille
Le projet de ferme urbaine concerne le quartier Concorde, quartier en renouvellement urbain sur Lille. Il s’agit d’un quartier intra muros, très bien desservi, de 4500 habitants avec de nombreuses problématiques. Ce quartier inscrit au NPNRU va connaître des transformations très lourdes sur les 15/20 prochaines années. La ville de Lille a souhaité, accompagner ce projet NPNRU d’une démarche santé environnementale. Ce projet de renouvellement urbain est lauréat PIA ville durable et solidaire ce qui permet d’avoir des moyens dédiés en ingénierie, investissement, études sur plusieurs axes : qualité de l' air, du bruit, … ainsi qu’un axe agriculture urbaine. Le poste de Sandrine Forzy est totalement financé par le PIA. Le site cible pour le projet de ferme urbaine est un terrain d’1 hectare appartenant à la ville, dont 4500m² sont immédiatement disponibles, mais fortement pollué.
A travers ce projet, la ville de Lille souhaite accompagner une ferme urbaine multifonctionnelle, qui soit à la fois support d’opportunités pour les habitants en matière d’alimentation et d’emplois, support de nouveaux services urbains (reconnexion ville et nature, biodiversité, aménagements paysagers, adaptation aux changements climatiques…) et qui ait également un impact sur le rayonnement du quartier. La ville de Lille a lancé un appel à manifestation d’intérêt très large auquel beaucoup d’acteurs ont répondu, puis organisé des réunions de travail avec ces acteurs. Ils ont ensemble défini une méthode de travail basée sur la co-construction, tant sur la dimension sensibilisation et mobilisation des habitants que sur la dimension économique du projet.
La volonté des habitants n’étant pas à l’initiative du projet, la dimension sensibilisation est très importante. La ville de Lille a donc monté un appel à projets en 2019 et renouvelé en 2020 qui finance des associations du quartier et des associations expertes en agriculture urbaine qui travaillent ensemble sur des actions de sensibilisation ainsi que sur le réaménagement de jardins familiaux et partagés présent sur le quartier.
Cette dimension sensibilisation est articulée à celle de l’agriculture urbaine à vocation professionnelle et économique. Dans cette perspective, sera testé pendant 3 ans, un site maraîcher en permaculture sur 4500m², pris en charge par une structure de l’insertion par l’activité économique qui a de l'expérience en maraîchage péri-urbain et qui est associée à une entreprise privée qui a beaucoup d'expériences sur la partie technique en agriculture urbaine. L’activité va se financer selon un modèle hybride : des ressources propres issues de la vente des productions et de prestations de services, des aides aux postes et des subventions.
Pour ce projet, la ville de Lille a fait appel à Optéos, un bureau d’étude en CAE qui les accompagne pour tenir au mieux compte des acteurs du territoire, seule façon de construire un modèle qui va durer dans le temps comme le souligne Sandrine Forzy. Opteos s’appuie sur le dialogue territorial et l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, avec la volonté de valoriser toutes les externalités du projet et l’ambition d’inscrire le projet dans une démarche très coopérative.
Pendant cette phase expérimentale, une recherche est également menée sur la contamination atmosphérique, avec un travail autour d’un plan de gestion des risques. Suite à la phase d'expérimentation, le projet se déploiera en 2024 et le rôle de la ville de Lille va évoluer en passant de l'impulsion à une place de partenaire.
Ce projet ayant donné envie à la ville de Lille de développer l’agriculture urbaine, la ville a répondu en lien avec la Métropole européenne de Lille à l’appel à projet Quartiers Fertiles de l’ANRU, avec plusieurs sites lauréats dont 3 sur Lille.
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Julien De Benito, Adjoint au Maire d’Avignon délégué au quartier Nord-Rocade et aux enjeux de l’alimentation durable et locale
Avignon est la deuxième ville française en termes d’autonomie alimentaire : 25% des denrées alimentaires sont locales (fruits et légumes principalement). La ville d’Avignon est aussi la onzième ville la plus pauvre de France et un quart de la population (25000 habitants) est concernée par la rénovation urbaine. Dans le cadre de l’appel à projets Quartiers Fertiles de l’ANRU, 3 projets ont été retenus sur Avignon : la ferme urbaine du Tipi à Monclar et 2 sites de jardins partagés à St Jean et Sud Rocade. Ces projets s’inscrivent dans un ensemble de sites d’agriculture urbaine et péri-urbaine : 13 hectares gérés par Jardins de Cocagne, 2 hectares de jardins partagés en lien avec le centre social de Montfavet, une ferme pilote en agroforesterie et un lycée agricole.
Le projet de la ferme urbaine du Tipi est situé dans le quartier Monclar qui est en rénovation urbaine. Ce projet a également rencontré la volonté de la ville d’Avignon de dessiner une coulée verte qui traverse plusieurs quartiers et dans laquelle s’inscrit le projet de la ferme urbaine du Tipi. Le projet, en lien avec 3 autres, est lauréat de l’appel à projets Quartiers fertiles de l’ANRU. La ville s’appuie également sur son budget participatif : les habitants sont invités chaque année à proposer un projet d’investissement d’intérêt général : une fois examiné par les services, les élus et une représentation d’un collège d’habitants, ce projet est soumis au vote des habitants. Les projets ainsi plébiscités par les citoyens sont réalisés dans les 2 ans qui suivent. C’est le cas pour les trois projets. Le budget participatif représente 5% du budget d’investissement, environ 1.5 Millions d’€, avec un plafond de 150 000 € par projet. La ferme urbaine du Tipi a ainsi été financé par le budget participatif pour : mise en sécurisation, premières terres, mobilier, centres de compost.
Comme le note Julien De Benito, la notion du bien manger a évolué : si l’attention était davantage portée sur le goût il y a 20 ans, on se penche davantage aujourd'hui sur le bio, le sans additif, sans pesticide… mais ces recommandations sont essentiellement appropriées par les couches sociales supérieures urbaines. Il y a aussi un fort éloignement au producteur : on ne sait pas comment poussent les légumes.
Le projet de ferme urbaine du Tipi, porté par l’association Les jeunes Pousses, a pour ambition de répondre à ces enjeux de sensibilisation à une alimentation plus saine et plus durable. Il est aussi dédié aux enjeux de transition écologique : un certain nombre de débats seront organisés sur le site et au sein des écoles à proximité et le projet sera exemplaire sur le plan de la permaculture. C’est enfin un lieu récréatif qui souhaite travailler en lien avec les habitants et faire mixité sociale. Le site est assez petit et n’a pas de finalité de production. Le lieu a été inauguré en septembre 2020 et avec le confinement n’a pas encore trouvé son modèle de fonctionnement.
Les participants interrogent Sandrine Forzy et Julien de Benito sur les liens entre ces projets de fermes urbaines et la restauration collective des villes (écoles, crèches…), occasion de préciser que ce sont des projets qui se positionnent sur d’autres fonctions que celle de production alimentaire, pour laquelle les volumes produits dans le cadre de projets d’agriculture urbaine sont souvent anecdotiques, sauf à disposer de réserve foncière importante. En revanche les projets d’agriculture urbaine permettent des ponts avec la production agricole et rendent de nombreux services à la communauté : amélioration du cadre de vie, cohésion sociale, éducation à l’environnement, éducation alimentaire, développement économique, ils apportent aussi des réponses à des enjeux environnementaux liés à la pollution des sols, la biodiversité, etc.
Ressources :
- Le diaporama de Sandrine Forzy
- La présentation de la ferme urbaine le Tipi
- La boite à outils des pariculteurs
- Mon projet d'agriculture urbaine en Ile-de-France, Driaaf, 2016
- Carnets de l'innovation : L'agriculture urbaine dans les quartiers en renouvellement urbain, ANRU, 2019
- L’agriculture urbaine : un outil déterminant pour des villes durables, Avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Juin 2019.
- Installations agricoles de proximité, quels rôles pour les collectivités ?, SAFER et AFAUP, 2019
- Appel à projets Quartiers Fertiles, ANCT
- Appel à projets Jardins Partagés, Ministère de l'agriculture et de l'alimentation
Résumé
Dans le cadre de son cycle sur l’alimentation durable, le RTES organisait un temps d'échanges pour les collectivités autour du thème de l'agriculture urbaine. Retour sur cette conférence qui a rassemblé 80 participants.
(Re)voir la conférence en ligne :
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Accompagner la construction d’une ferme urbaine multifonctionnelle dans un quartier en renouvellement urbain - Sandrine Forzy, Cheffe de projet agriculture urbaine et renouvellement urbain, ville de Lille
Le projet de ferme urbaine concerne le quartier Concorde, quartier en renouvellement urbain sur Lille. Il s’agit d’un quartier intra muros, très bien desservi, de 4500 habitants avec de nombreuses problématiques. Ce quartier inscrit au NPNRU va connaître des transformations très lourdes sur les 15/20 prochaines années. La ville de Lille a souhaité, accompagner ce projet NPNRU d’une démarche santé environnementale. Ce projet de renouvellement urbain est lauréat PIA ville durable et solidaire ce qui permet d’avoir des moyens dédiés en ingénierie, investissement, études sur plusieurs axes : qualité de l' air, du bruit, … ainsi qu’un axe agriculture urbaine. Le poste de Sandrine Forzy est totalement financé par le PIA. Le site cible pour le projet de ferme urbaine est un terrain d’1 hectare appartenant à la ville, dont 4500m² sont immédiatement disponibles, mais fortement pollué.
A travers ce projet, la ville de Lille souhaite accompagner une ferme urbaine multifonctionnelle, qui soit à la fois support d’opportunités pour les habitants en matière d’alimentation et d’emplois, support de nouveaux services urbains (reconnexion ville et nature, biodiversité, aménagements paysagers, adaptation aux changements climatiques…) et qui ait également un impact sur le rayonnement du quartier. La ville de Lille a lancé un appel à manifestation d’intérêt très large auquel beaucoup d’acteurs ont répondu, puis organisé des réunions de travail avec ces acteurs. Ils ont ensemble défini une méthode de travail basée sur la co-construction, tant sur la dimension sensibilisation et mobilisation des habitants que sur la dimension économique du projet.
La volonté des habitants n’étant pas à l’initiative du projet, la dimension sensibilisation est très importante. La ville de Lille a donc monté un appel à projets en 2019 et renouvelé en 2020 qui finance des associations du quartier et des associations expertes en agriculture urbaine qui travaillent ensemble sur des actions de sensibilisation ainsi que sur le réaménagement de jardins familiaux et partagés présent sur le quartier.
Cette dimension sensibilisation est articulée à celle de l’agriculture urbaine à vocation professionnelle et économique. Dans cette perspective, sera testé pendant 3 ans, un site maraîcher en permaculture sur 4500m², pris en charge par une structure de l’insertion par l’activité économique qui a de l'expérience en maraîchage péri-urbain et qui est associée à une entreprise privée qui a beaucoup d'expériences sur la partie technique en agriculture urbaine. L’activité va se financer selon un modèle hybride : des ressources propres issues de la vente des productions et de prestations de services, des aides aux postes et des subventions.
Pour ce projet, la ville de Lille a fait appel à Optéos, un bureau d’étude en CAE qui les accompagne pour tenir au mieux compte des acteurs du territoire, seule façon de construire un modèle qui va durer dans le temps comme le souligne Sandrine Forzy. Opteos s’appuie sur le dialogue territorial et l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, avec la volonté de valoriser toutes les externalités du projet et l’ambition d’inscrire le projet dans une démarche très coopérative.
Pendant cette phase expérimentale, une recherche est également menée sur la contamination atmosphérique, avec un travail autour d’un plan de gestion des risques. Suite à la phase d'expérimentation, le projet se déploiera en 2024 et le rôle de la ville de Lille va évoluer en passant de l'impulsion à une place de partenaire.
Ce projet ayant donné envie à la ville de Lille de développer l’agriculture urbaine, la ville a répondu en lien avec la Métropole européenne de Lille à l’appel à projet Quartiers Fertiles de l’ANRU, avec plusieurs sites lauréats dont 3 sur Lille.
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Julien De Benito, Adjoint au Maire d’Avignon délégué au quartier Nord-Rocade et aux enjeux de l’alimentation durable et locale
Avignon est la deuxième ville française en termes d’autonomie alimentaire : 25% des denrées alimentaires sont locales (fruits et légumes principalement). La ville d’Avignon est aussi la onzième ville la plus pauvre de France et un quart de la population (25000 habitants) est concernée par la rénovation urbaine. Dans le cadre de l’appel à projets Quartiers Fertiles de l’ANRU, 3 projets ont été retenus sur Avignon : la ferme urbaine du Tipi à Monclar et 2 sites de jardins partagés à St Jean et Sud Rocade. Ces projets s’inscrivent dans un ensemble de sites d’agriculture urbaine et péri-urbaine : 13 hectares gérés par Jardins de Cocagne, 2 hectares de jardins partagés en lien avec le centre social de Montfavet, une ferme pilote en agroforesterie et un lycée agricole.
Le projet de la ferme urbaine du Tipi est situé dans le quartier Monclar qui est en rénovation urbaine. Ce projet a également rencontré la volonté de la ville d’Avignon de dessiner une coulée verte qui traverse plusieurs quartiers et dans laquelle s’inscrit le projet de la ferme urbaine du Tipi. Le projet, en lien avec 3 autres, est lauréat de l’appel à projets Quartiers fertiles de l’ANRU. La ville s’appuie également sur son budget participatif : les habitants sont invités chaque année à proposer un projet d’investissement d’intérêt général : une fois examiné par les services, les élus et une représentation d’un collège d’habitants, ce projet est soumis au vote des habitants. Les projets ainsi plébiscités par les citoyens sont réalisés dans les 2 ans qui suivent. C’est le cas pour les trois projets. Le budget participatif représente 5% du budget d’investissement, environ 1.5 Millions d’€, avec un plafond de 150 000 € par projet. La ferme urbaine du Tipi a ainsi été financé par le budget participatif pour : mise en sécurisation, premières terres, mobilier, centres de compost.
Comme le note Julien De Benito, la notion du bien manger a évolué : si l’attention était davantage portée sur le goût il y a 20 ans, on se penche davantage aujourd'hui sur le bio, le sans additif, sans pesticide… mais ces recommandations sont essentiellement appropriées par les couches sociales supérieures urbaines. Il y a aussi un fort éloignement au producteur : on ne sait pas comment poussent les légumes.
Le projet de ferme urbaine du Tipi, porté par l’association Les jeunes Pousses, a pour ambition de répondre à ces enjeux de sensibilisation à une alimentation plus saine et plus durable. Il est aussi dédié aux enjeux de transition écologique : un certain nombre de débats seront organisés sur le site et au sein des écoles à proximité et le projet sera exemplaire sur le plan de la permaculture. C’est enfin un lieu récréatif qui souhaite travailler en lien avec les habitants et faire mixité sociale. Le site est assez petit et n’a pas de finalité de production. Le lieu a été inauguré en septembre 2020 et avec le confinement n’a pas encore trouvé son modèle de fonctionnement.
Les participants interrogent Sandrine Forzy et Julien de Benito sur les liens entre ces projets de fermes urbaines et la restauration collective des villes (écoles, crèches…), occasion de préciser que ce sont des projets qui se positionnent sur d’autres fonctions que celle de production alimentaire, pour laquelle les volumes produits dans le cadre de projets d’agriculture urbaine sont souvent anecdotiques, sauf à disposer de réserve foncière importante. En revanche les projets d’agriculture urbaine permettent des ponts avec la production agricole et rendent de nombreux services à la communauté : amélioration du cadre de vie, cohésion sociale, éducation à l’environnement, éducation alimentaire, développement économique, ils apportent aussi des réponses à des enjeux environnementaux liés à la pollution des sols, la biodiversité, etc.
Ressources :
- Le diaporama de Sandrine Forzy
- La présentation de la ferme urbaine le Tipi
- La boite à outils des pariculteurs
- Mon projet d'agriculture urbaine en Ile-de-France, Driaaf, 2016
- Carnets de l'innovation : L'agriculture urbaine dans les quartiers en renouvellement urbain, ANRU, 2019
- L’agriculture urbaine : un outil déterminant pour des villes durables, Avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Juin 2019.
- Installations agricoles de proximité, quels rôles pour les collectivités ?, SAFER et AFAUP, 2019
- Appel à projets Quartiers Fertiles, ANCT
- Appel à projets Jardins Partagés, Ministère de l'agriculture et de l'alimentation