Réseau des collectivités Territoriales pour une Économie Solidaire

Fiche Déniché pour Vous n°96 : Ferme urbaine Tipi

Porté par l’association Les Jeunes Pousses, le Tipi est un lieu dédié à la transition écologique au coeur du quartier politique de la ville Monclar à Avignon. Inauguré en septembre 2020 le Tipi rassemble une Micro-Ferme Urbaine, un atelier de céramique, une herboristerie, une cantine, un bar et une scène de concert.

Téléchargez la fiche Déniché pour Vous n°96 : Ferme urbaine Tipi (Mars 2021)

Mots-clés : Alimentation durable, politique de la ville 

Site internet : https://lesitedutipi.fr/index.php/micro-ferme/

dfgh

84000 Avignon

Zone d'action : Avignon

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Porté par l’association Les Jeunes Pousses, le Tipi est un lieu dédié à la transition écologique au coeur du quartier politique de la ville Monclar à Avignon. Inauguré en septembre 2020 le Tipi rassemble une Micro-Ferme Urbaine, un atelier de céramique, une herboristerie, une cantine, un bar et une scène de concert.

Téléchargez la fiche Déniché pour Vous n°96 : Ferme urbaine Tipi (Mars 2021)

Mots-clés : Alimentation durable, politique de la ville 

Site internet : https://lesitedutipi.fr/index.php/micro-ferme/

dfgh

84000 Avignon

Zone d'action : Avignon

Agriculture urbaine - conférence en ligne février 2021

Dans le cadre de son cycle sur l’alimentation durable, le RTES organisait un temps d'échanges pour les collectivités autour du thème de l'agriculture urbaine. Retour sur cette conférence qui a rassemblé 80 participants.

(Re)voir la conférence en ligne : 

 

  • Accompagner la construction d’une ferme urbaine multifonctionnelle dans un quartier en renouvellement urbain - Sandrine Forzy, Cheffe de projet agriculture urbaine et renouvellement urbain, ville de Lille

Le projet de ferme urbaine concerne le quartier Concorde, quartier en renouvellement urbain sur Lille. Il s’agit d’un quartier intra muros, très bien desservi, de 4500 habitants avec de nombreuses problématiques. Ce quartier inscrit au NPNRU va connaître des transformations très lourdes sur les 15/20 prochaines années. La ville de Lille a souhaité, accompagner ce projet NPNRU d’une démarche santé environnementale. Ce projet de renouvellement urbain est lauréat PIA ville durable et solidaire ce qui permet d’avoir des moyens dédiés en ingénierie, investissement, études sur plusieurs axes : qualité de l' air, du bruit, … ainsi qu’un axe agriculture urbaine. Le poste de Sandrine Forzy est totalement financé par le PIA. Le site cible pour le projet de ferme urbaine est un terrain d’1 hectare appartenant à la ville, dont 4500m² sont immédiatement disponibles, mais fortement pollué.

A travers ce projet, la ville de Lille souhaite accompagner une ferme urbaine multifonctionnelle, qui soit à la fois support d’opportunités pour les habitants en matière d’alimentation et d’emplois, support de nouveaux services urbains (reconnexion ville et nature, biodiversité, aménagements paysagers, adaptation aux changements climatiques…) et qui ait également un impact sur le rayonnement du quartier. La ville de Lille a lancé un appel à manifestation d’intérêt très large auquel beaucoup d’acteurs ont répondu, puis organisé des réunions de travail avec ces acteurs. Ils ont ensemble défini une méthode de travail basée sur la co-construction, tant sur la dimension sensibilisation et mobilisation des habitants que sur la dimension économique du projet.

La volonté des habitants n’étant pas à l’initiative du projet, la dimension sensibilisation est très importante. La ville de Lille a donc monté un appel à projets en 2019 et renouvelé en 2020 qui finance des associations du quartier et des associations expertes en agriculture urbaine qui travaillent ensemble sur des actions de sensibilisation ainsi que sur le réaménagement de jardins familiaux et partagés présent sur le quartier.

Cette dimension sensibilisation est articulée à celle de l’agriculture urbaine à vocation professionnelle et économique. Dans cette perspective, sera testé pendant 3 ans, un site maraîcher en permaculture sur 4500m², pris en charge par une structure de l’insertion par l’activité économique qui a de l'expérience en maraîchage péri-urbain et qui est associée à une entreprise privée qui a beaucoup d'expériences sur la partie technique en agriculture urbaine. L’activité va se financer selon un modèle hybride : des ressources propres issues de la vente des productions et de prestations de services, des aides aux postes et des subventions.

Pour ce projet, la ville de Lille a fait appel à Optéos, un bureau d’étude en CAE qui les accompagne pour tenir au mieux compte des acteurs du territoire, seule façon de construire un modèle qui va durer dans le temps comme le souligne Sandrine Forzy. Opteos s’appuie sur le dialogue territorial et l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, avec la volonté de valoriser toutes les externalités du projet et l’ambition d’inscrire le projet dans une démarche très coopérative.

Pendant cette phase expérimentale, une recherche est également menée sur la contamination atmosphérique, avec un travail autour d’un plan de gestion des risques. Suite à la phase d'expérimentation, le projet se déploiera en 2024 et le rôle de la ville de Lille va évoluer en passant de l'impulsion à une place de partenaire.

Ce projet ayant donné envie à la ville de Lille de développer l’agriculture urbaine, la ville a répondu en lien avec la Métropole européenne de Lille à l’appel à projet Quartiers Fertiles de l’ANRU, avec plusieurs sites lauréats dont 3 sur Lille. 

  • Julien De Benito, Adjoint au Maire d’Avignon délégué au quartier Nord-Rocade et aux enjeux de l’alimentation durable et locale

Avignon est la deuxième ville française en termes d’autonomie alimentaire : 25% des denrées alimentaires sont locales (fruits et légumes principalement). La ville d’Avignon est aussi la onzième ville la plus pauvre de France et un quart de la population (25000 habitants) est concernée par la rénovation urbaine. Dans le cadre de l’appel à projets Quartiers Fertiles de l’ANRU, 3 projets ont été retenus sur Avignon : la ferme urbaine du Tipi à Monclar et 2 sites de jardins partagés à St Jean et Sud Rocade. Ces projets s’inscrivent dans un ensemble de sites d’agriculture urbaine et péri-urbaine : 13 hectares gérés par Jardins de Cocagne, 2 hectares de jardins partagés en lien avec le centre social de Montfavet, une ferme pilote en agroforesterie et un lycée agricole.

Le projet de la ferme urbaine du Tipi est situé dans le quartier Monclar qui est en rénovation urbaine. Ce projet a également rencontré la volonté de la ville d’Avignon de dessiner une coulée verte qui traverse plusieurs quartiers et dans laquelle s’inscrit le projet de la ferme urbaine du Tipi. Le projet, en lien avec 3 autres, est lauréat de l’appel à projets Quartiers fertiles de l’ANRU. La ville s’appuie également sur son budget participatif : les habitants sont invités chaque année à proposer un projet d’investissement d’intérêt général : une fois examiné par les services, les élus et une représentation d’un collège d’habitants, ce projet est soumis au vote des habitants. Les projets ainsi plébiscités par les citoyens sont réalisés dans les 2 ans qui suivent. C’est le cas pour les trois projets. Le budget participatif représente 5% du budget d’investissement, environ 1.5 Millions d’€, avec un plafond de 150 000 € par projet. La ferme urbaine du Tipi a ainsi été financé par le budget participatif pour : mise en sécurisation, premières terres, mobilier, centres de compost.

Comme le note Julien De Benito, la notion du bien manger a évolué : si l’attention était davantage portée sur le goût il y a 20 ans, on se penche davantage aujourd'hui sur le bio, le sans additif, sans pesticide… mais ces recommandations sont essentiellement appropriées par les couches sociales supérieures urbaines. Il y a aussi un fort éloignement au producteur : on ne sait pas comment poussent les légumes.

Le projet de ferme urbaine du Tipi, porté par l’association Les jeunes Pousses, a pour ambition de répondre à ces enjeux de sensibilisation à une alimentation plus saine et plus durable. Il est aussi dédié aux enjeux de transition écologique : un certain nombre de débats seront organisés sur le site et au sein des écoles à proximité et le projet sera exemplaire sur le plan de la permaculture. C’est enfin un lieu récréatif qui souhaite travailler en lien avec les habitants et faire mixité sociale. Le site est assez petit et n’a pas de finalité de production. Le lieu a été inauguré en septembre 2020 et avec le confinement n’a pas encore trouvé son modèle de fonctionnement.

Les participants interrogent Sandrine Forzy et Julien de Benito sur les liens entre ces projets de fermes urbaines et la restauration collective des villes (écoles, crèches…), occasion de préciser que ce sont des projets qui se positionnent sur d’autres fonctions que celle de production alimentaire, pour laquelle les volumes produits dans le cadre de projets d’agriculture urbaine sont souvent anecdotiques, sauf à disposer de réserve foncière importante. En revanche les projets d’agriculture urbaine permettent des ponts avec la production agricole et rendent de nombreux services à la communauté : amélioration du cadre de vie, cohésion sociale, éducation à l’environnement, éducation alimentaire, développement économique, ils apportent aussi des réponses à des enjeux environnementaux liés à la pollution des sols, la biodiversité, etc.

Ressources :

 

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Dans le cadre de son cycle sur l’alimentation durable, le RTES organisait un temps d'échanges pour les collectivités autour du thème de l'agriculture urbaine. Retour sur cette conférence qui a rassemblé 80 participants.

(Re)voir la conférence en ligne : 

 

  • Accompagner la construction d’une ferme urbaine multifonctionnelle dans un quartier en renouvellement urbain - Sandrine Forzy, Cheffe de projet agriculture urbaine et renouvellement urbain, ville de Lille

Le projet de ferme urbaine concerne le quartier Concorde, quartier en renouvellement urbain sur Lille. Il s’agit d’un quartier intra muros, très bien desservi, de 4500 habitants avec de nombreuses problématiques. Ce quartier inscrit au NPNRU va connaître des transformations très lourdes sur les 15/20 prochaines années. La ville de Lille a souhaité, accompagner ce projet NPNRU d’une démarche santé environnementale. Ce projet de renouvellement urbain est lauréat PIA ville durable et solidaire ce qui permet d’avoir des moyens dédiés en ingénierie, investissement, études sur plusieurs axes : qualité de l' air, du bruit, … ainsi qu’un axe agriculture urbaine. Le poste de Sandrine Forzy est totalement financé par le PIA. Le site cible pour le projet de ferme urbaine est un terrain d’1 hectare appartenant à la ville, dont 4500m² sont immédiatement disponibles, mais fortement pollué.

A travers ce projet, la ville de Lille souhaite accompagner une ferme urbaine multifonctionnelle, qui soit à la fois support d’opportunités pour les habitants en matière d’alimentation et d’emplois, support de nouveaux services urbains (reconnexion ville et nature, biodiversité, aménagements paysagers, adaptation aux changements climatiques…) et qui ait également un impact sur le rayonnement du quartier. La ville de Lille a lancé un appel à manifestation d’intérêt très large auquel beaucoup d’acteurs ont répondu, puis organisé des réunions de travail avec ces acteurs. Ils ont ensemble défini une méthode de travail basée sur la co-construction, tant sur la dimension sensibilisation et mobilisation des habitants que sur la dimension économique du projet.

La volonté des habitants n’étant pas à l’initiative du projet, la dimension sensibilisation est très importante. La ville de Lille a donc monté un appel à projets en 2019 et renouvelé en 2020 qui finance des associations du quartier et des associations expertes en agriculture urbaine qui travaillent ensemble sur des actions de sensibilisation ainsi que sur le réaménagement de jardins familiaux et partagés présent sur le quartier.

Cette dimension sensibilisation est articulée à celle de l’agriculture urbaine à vocation professionnelle et économique. Dans cette perspective, sera testé pendant 3 ans, un site maraîcher en permaculture sur 4500m², pris en charge par une structure de l’insertion par l’activité économique qui a de l'expérience en maraîchage péri-urbain et qui est associée à une entreprise privée qui a beaucoup d'expériences sur la partie technique en agriculture urbaine. L’activité va se financer selon un modèle hybride : des ressources propres issues de la vente des productions et de prestations de services, des aides aux postes et des subventions.

Pour ce projet, la ville de Lille a fait appel à Optéos, un bureau d’étude en CAE qui les accompagne pour tenir au mieux compte des acteurs du territoire, seule façon de construire un modèle qui va durer dans le temps comme le souligne Sandrine Forzy. Opteos s’appuie sur le dialogue territorial et l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, avec la volonté de valoriser toutes les externalités du projet et l’ambition d’inscrire le projet dans une démarche très coopérative.

Pendant cette phase expérimentale, une recherche est également menée sur la contamination atmosphérique, avec un travail autour d’un plan de gestion des risques. Suite à la phase d'expérimentation, le projet se déploiera en 2024 et le rôle de la ville de Lille va évoluer en passant de l'impulsion à une place de partenaire.

Ce projet ayant donné envie à la ville de Lille de développer l’agriculture urbaine, la ville a répondu en lien avec la Métropole européenne de Lille à l’appel à projet Quartiers Fertiles de l’ANRU, avec plusieurs sites lauréats dont 3 sur Lille. 

  • Julien De Benito, Adjoint au Maire d’Avignon délégué au quartier Nord-Rocade et aux enjeux de l’alimentation durable et locale

Avignon est la deuxième ville française en termes d’autonomie alimentaire : 25% des denrées alimentaires sont locales (fruits et légumes principalement). La ville d’Avignon est aussi la onzième ville la plus pauvre de France et un quart de la population (25000 habitants) est concernée par la rénovation urbaine. Dans le cadre de l’appel à projets Quartiers Fertiles de l’ANRU, 3 projets ont été retenus sur Avignon : la ferme urbaine du Tipi à Monclar et 2 sites de jardins partagés à St Jean et Sud Rocade. Ces projets s’inscrivent dans un ensemble de sites d’agriculture urbaine et péri-urbaine : 13 hectares gérés par Jardins de Cocagne, 2 hectares de jardins partagés en lien avec le centre social de Montfavet, une ferme pilote en agroforesterie et un lycée agricole.

Le projet de la ferme urbaine du Tipi est situé dans le quartier Monclar qui est en rénovation urbaine. Ce projet a également rencontré la volonté de la ville d’Avignon de dessiner une coulée verte qui traverse plusieurs quartiers et dans laquelle s’inscrit le projet de la ferme urbaine du Tipi. Le projet, en lien avec 3 autres, est lauréat de l’appel à projets Quartiers fertiles de l’ANRU. La ville s’appuie également sur son budget participatif : les habitants sont invités chaque année à proposer un projet d’investissement d’intérêt général : une fois examiné par les services, les élus et une représentation d’un collège d’habitants, ce projet est soumis au vote des habitants. Les projets ainsi plébiscités par les citoyens sont réalisés dans les 2 ans qui suivent. C’est le cas pour les trois projets. Le budget participatif représente 5% du budget d’investissement, environ 1.5 Millions d’€, avec un plafond de 150 000 € par projet. La ferme urbaine du Tipi a ainsi été financé par le budget participatif pour : mise en sécurisation, premières terres, mobilier, centres de compost.

Comme le note Julien De Benito, la notion du bien manger a évolué : si l’attention était davantage portée sur le goût il y a 20 ans, on se penche davantage aujourd'hui sur le bio, le sans additif, sans pesticide… mais ces recommandations sont essentiellement appropriées par les couches sociales supérieures urbaines. Il y a aussi un fort éloignement au producteur : on ne sait pas comment poussent les légumes.

Le projet de ferme urbaine du Tipi, porté par l’association Les jeunes Pousses, a pour ambition de répondre à ces enjeux de sensibilisation à une alimentation plus saine et plus durable. Il est aussi dédié aux enjeux de transition écologique : un certain nombre de débats seront organisés sur le site et au sein des écoles à proximité et le projet sera exemplaire sur le plan de la permaculture. C’est enfin un lieu récréatif qui souhaite travailler en lien avec les habitants et faire mixité sociale. Le site est assez petit et n’a pas de finalité de production. Le lieu a été inauguré en septembre 2020 et avec le confinement n’a pas encore trouvé son modèle de fonctionnement.

Les participants interrogent Sandrine Forzy et Julien de Benito sur les liens entre ces projets de fermes urbaines et la restauration collective des villes (écoles, crèches…), occasion de préciser que ce sont des projets qui se positionnent sur d’autres fonctions que celle de production alimentaire, pour laquelle les volumes produits dans le cadre de projets d’agriculture urbaine sont souvent anecdotiques, sauf à disposer de réserve foncière importante. En revanche les projets d’agriculture urbaine permettent des ponts avec la production agricole et rendent de nombreux services à la communauté : amélioration du cadre de vie, cohésion sociale, éducation à l’environnement, éducation alimentaire, développement économique, ils apportent aussi des réponses à des enjeux environnementaux liés à la pollution des sols, la biodiversité, etc.

Ressources :

 

Alimentation et entrepreneuriat coopératif - conférence en ligne janvier 2021

Dans le cadre de son cycle alimentation durable, le RTES propose chaque mois d’aborder une clé d’entrée spécifique sur le sujet de l’alimentation durable et des leviers dont disposent les collectivités pour agir et transformer notre modèle alimentaire vers plus de soutenabilité, de solidarité et d’ancrage territorial, en lien avec les acteurs de l’ESS. Retour sur les échanges du 22 janvier 2021 autour de l'entrepreneuriat coopératif dans l'alimentation qui ont rassemblé 55 participant.e.s.

  • Emmanuelle Rousset, vice-présidente, en charge de l’économie sociale et solidaire et de la politique de la Ville, conseil départemental Ille-et-Vilaine, retour sur le projet le Bon Maurepas

Emmanuelle Rousset a accompagné l’émergence de la coopérative éphémère Le Bon Maurepas en tant qu’élue au conseil départemental mais également comme élue de quartier à la ville de Rennes. Le bon Maurepas est un projet initié dans le quartier rennais de Maurepas, quartier de 5000 habitants en politique de la ville sur lequel beaucoup de pratiques informelles culinaires étaient à l'œuvre. Il a été décidé, dans le cadre de la Fabrique à initiatives TAg35, de faire émerger sur le territoire un projet au croisement de l’alimentation et de l’insertion. Avec la mobilisation de nombreux habitants et acteurs, a émergé un restaurant sous forme de coopérative éphémère, le Bon Maurepas. Durant 4 mois, un restaurant était ouvert tous les midis aux habitants du quartier. 

Cette expérience a réuni 18 personnes qui se sont engagées volontairement, sans prescription. Ces coopérateurs, accompagnés par un cuisinier, ont tout géré pendant 4 mois (choix des menus, fournitures, etc.) et se sont ainsi formés. Bien qu'elle ait rencontré quelques freins (problématique du statut des personnes, lieu peu adéquat à l’activité), l'expérience se poursuit vers un projet pérenne avec l’ouverture d’un restaurant coopératif à l’automne 2021 : le Bon Maurepas Bistrot.

Le projet a permis à des gens qui ne travaillaient pas ensemble de se réunir et de monter en compétences collectivement : collectivités, prescripteurs Pôle emploi, accompagnateurs RSA, monde de la restauration, etc. Il a également engagé une réflexion autour de l’alimentation durable sur le territoire. Au sein de la coopérative éphémère cette préoccupation est apparue progressivement, un travail important de référencement de fournisseurs durables a permis aux coopérateurs de découvrir des acteurs, via la visite d’exploitations par exemple, et de faire appel à des producteurs durables. Et plus globalement cette préoccupation est montée en puissance côté collectivités et acteurs, avec plusieurs initiatives autour de l’alimentation durable qui se développent (restaurant la Grenouille à grande bouche sous forme de SCIC, carte de l’alimentation durable accessible de la ville de Rennes, etc.) sur le territoire.

Emmanuelle Rousset précise que le soutien de la collectivité pour ce type d’initiative est essentiel mais qu’il doit être à sa juste place. La collectivité est là pour accompagner, rassurer, servir de caution, financer mais pas pour gérer en direct, il s’agit d’un projet porté par l’écosystème ESS. Ce type de projet entre dans un cadre où il y a beaucoup de contraintes, de normes et la collectivité peut rassurer, faciliter. Un comité de suivi de l'expérience a été mis en place, pour assurer écoute et co-construction. 

Ce projet a au départ été soutenu par la ligne ESS du conseil départemental pour financer l’étude de préfiguration réalisée par le révélateur TAg35 (10 000€), puis par la ligne politique de la Ville en lien avec la ville de Rennes et Rennes Métropole (15 000€). Le restaurant coopératif définitif est à nouveau accompagné par la mission ESS du département à hauteur de 10 000€.
 

  • Anna Mourlaque directrice de l'association Meltingcoop et Martine Ndiaye secrétaire de l'association Reveil qui co-portent Migracoop

Migracoop est un programme porté depuis 2019 par les deux associations Meltingcoop et Réveil en direction d’entrepreneurs migrants. Le programme s’organise autour de 3 axes : mettre en réseau des entrepreneurs par secteurs d’activité, expérimenter de nouvelles manières de faire et intégrer l’écosystème de l’ESS. Dans le cadre du programme Migracoop, une première coopérative éphémère, Sunucoop, est montée en 2019 autour du culinaire, puis une deuxième en 2020 autour de l’artisanat textile. La coopérative éphémère Sunucoop a réuni 9 coopérateurs (8 femmes et 1 homme) de mai à octobre 2019 et s’est appuyée sur un réseau de bénévoles investis. L’activité a pris place au sein du restaurant associatif La Nouvelle Rôtisserie dans le 10ème arrondissement à Paris qui est devenu le lieu de stockage et de production de Sunucoop. La coopérative éphémère Sunucoop était hébergée par la CAE Coopaname. 

Reveil et Meltingcoop animent la coopérative : un temps de debrief est organisé chaque semaine et les 2 associations aident le collectif à la prise de décision, proposent des temps de formation en fonction des besoins exprimés, organisent des temps de visites et des temps d’accompagnement individuel. Elles ont également un rôle d’appui juridique et rédactionnel : la formalisation à l’écrit étant un frein très important. Suite à cette expérience, l’un.e des coopérateur.rice est traiteur en micro-entreprise, 3 sont traiteurs en association, 1 association a été créée autour d’un projet culinaire, 1 personne a retrouvé un emploi et 1 autre s’est réorientée vers un projet logistique. Le collectif Sunucoop continue de plus à servir 4 fois par semaine à la Nouvelle Rôtisserie et l’association Réveil poursuit l’accompagnement social et administratif des anciennes coopératrices. 

Migracoop est soutenu par 3 directions de la ville de Paris : le service intégration, le service ESS et le service politique de la ville. Ce financement structurant représente près du tiers du budget. La ville de Paris a également joué le jeu de la commande publique pour des buffets traiteurs et pots conviviaux quand les montants permettaient de ne pas passer par un appel d’offre.

Le collectif Sunucoop travaille aussi avec la ville de Grigny. Face à de nombreux vendeurs de brochettes à la sauvette devant la gare, la ville de Grigny a mis en place une action pour accompagner la formalisation d’une offre. La ville de Grigny a mobilisé le GRDR qui a réuni un collectif autour d’une recherche-action. Ce collectif d’acteurs, auquel participe le collectif Sunucoop, accompagne la structuration d’un collectif de vendeuses de brochettes et la structuration d’une offre autour d’un lieu. La Ville de Grigny travaille sur le montage d’une cuisine professionnelle.  

De l’avis d’Anna Mourlaque et Martine Ndiaye, la coopérative éphémère représente un outil intéressant pour expérimenter la formalisation : elle permet de tester son activité totalement formalisée sans prendre de risque. Cet outil permet aussi de tester la mutualisation qui à divers points de vues permet de diminuer les coûts de la formalisation. Toutefois pour beaucoup il reste difficile de formaliser tout en conservant un modèle économique tenable.

Ressources 

 

(Re)voir l'échange

 

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Dans le cadre de son cycle alimentation durable, le RTES propose chaque mois d’aborder une clé d’entrée spécifique sur le sujet de l’alimentation durable et des leviers dont disposent les collectivités pour agir et transformer notre modèle alimentaire vers plus de soutenabilité, de solidarité et d’ancrage territorial, en lien avec les acteurs de l’ESS. Retour sur les échanges du 22 janvier 2021 autour de l'entrepreneuriat coopératif dans l'alimentation qui ont rassemblé 55 participant.e.s.

  • Emmanuelle Rousset, vice-présidente, en charge de l’économie sociale et solidaire et de la politique de la Ville, conseil départemental Ille-et-Vilaine, retour sur le projet le Bon Maurepas

Emmanuelle Rousset a accompagné l’émergence de la coopérative éphémère Le Bon Maurepas en tant qu’élue au conseil départemental mais également comme élue de quartier à la ville de Rennes. Le bon Maurepas est un projet initié dans le quartier rennais de Maurepas, quartier de 5000 habitants en politique de la ville sur lequel beaucoup de pratiques informelles culinaires étaient à l'œuvre. Il a été décidé, dans le cadre de la Fabrique à initiatives TAg35, de faire émerger sur le territoire un projet au croisement de l’alimentation et de l’insertion. Avec la mobilisation de nombreux habitants et acteurs, a émergé un restaurant sous forme de coopérative éphémère, le Bon Maurepas. Durant 4 mois, un restaurant était ouvert tous les midis aux habitants du quartier. 

Cette expérience a réuni 18 personnes qui se sont engagées volontairement, sans prescription. Ces coopérateurs, accompagnés par un cuisinier, ont tout géré pendant 4 mois (choix des menus, fournitures, etc.) et se sont ainsi formés. Bien qu'elle ait rencontré quelques freins (problématique du statut des personnes, lieu peu adéquat à l’activité), l'expérience se poursuit vers un projet pérenne avec l’ouverture d’un restaurant coopératif à l’automne 2021 : le Bon Maurepas Bistrot.

Le projet a permis à des gens qui ne travaillaient pas ensemble de se réunir et de monter en compétences collectivement : collectivités, prescripteurs Pôle emploi, accompagnateurs RSA, monde de la restauration, etc. Il a également engagé une réflexion autour de l’alimentation durable sur le territoire. Au sein de la coopérative éphémère cette préoccupation est apparue progressivement, un travail important de référencement de fournisseurs durables a permis aux coopérateurs de découvrir des acteurs, via la visite d’exploitations par exemple, et de faire appel à des producteurs durables. Et plus globalement cette préoccupation est montée en puissance côté collectivités et acteurs, avec plusieurs initiatives autour de l’alimentation durable qui se développent (restaurant la Grenouille à grande bouche sous forme de SCIC, carte de l’alimentation durable accessible de la ville de Rennes, etc.) sur le territoire.

Emmanuelle Rousset précise que le soutien de la collectivité pour ce type d’initiative est essentiel mais qu’il doit être à sa juste place. La collectivité est là pour accompagner, rassurer, servir de caution, financer mais pas pour gérer en direct, il s’agit d’un projet porté par l’écosystème ESS. Ce type de projet entre dans un cadre où il y a beaucoup de contraintes, de normes et la collectivité peut rassurer, faciliter. Un comité de suivi de l'expérience a été mis en place, pour assurer écoute et co-construction. 

Ce projet a au départ été soutenu par la ligne ESS du conseil départemental pour financer l’étude de préfiguration réalisée par le révélateur TAg35 (10 000€), puis par la ligne politique de la Ville en lien avec la ville de Rennes et Rennes Métropole (15 000€). Le restaurant coopératif définitif est à nouveau accompagné par la mission ESS du département à hauteur de 10 000€.
 

  • Anna Mourlaque directrice de l'association Meltingcoop et Martine Ndiaye secrétaire de l'association Reveil qui co-portent Migracoop

Migracoop est un programme porté depuis 2019 par les deux associations Meltingcoop et Réveil en direction d’entrepreneurs migrants. Le programme s’organise autour de 3 axes : mettre en réseau des entrepreneurs par secteurs d’activité, expérimenter de nouvelles manières de faire et intégrer l’écosystème de l’ESS. Dans le cadre du programme Migracoop, une première coopérative éphémère, Sunucoop, est montée en 2019 autour du culinaire, puis une deuxième en 2020 autour de l’artisanat textile. La coopérative éphémère Sunucoop a réuni 9 coopérateurs (8 femmes et 1 homme) de mai à octobre 2019 et s’est appuyée sur un réseau de bénévoles investis. L’activité a pris place au sein du restaurant associatif La Nouvelle Rôtisserie dans le 10ème arrondissement à Paris qui est devenu le lieu de stockage et de production de Sunucoop. La coopérative éphémère Sunucoop était hébergée par la CAE Coopaname. 

Reveil et Meltingcoop animent la coopérative : un temps de debrief est organisé chaque semaine et les 2 associations aident le collectif à la prise de décision, proposent des temps de formation en fonction des besoins exprimés, organisent des temps de visites et des temps d’accompagnement individuel. Elles ont également un rôle d’appui juridique et rédactionnel : la formalisation à l’écrit étant un frein très important. Suite à cette expérience, l’un.e des coopérateur.rice est traiteur en micro-entreprise, 3 sont traiteurs en association, 1 association a été créée autour d’un projet culinaire, 1 personne a retrouvé un emploi et 1 autre s’est réorientée vers un projet logistique. Le collectif Sunucoop continue de plus à servir 4 fois par semaine à la Nouvelle Rôtisserie et l’association Réveil poursuit l’accompagnement social et administratif des anciennes coopératrices. 

Migracoop est soutenu par 3 directions de la ville de Paris : le service intégration, le service ESS et le service politique de la ville. Ce financement structurant représente près du tiers du budget. La ville de Paris a également joué le jeu de la commande publique pour des buffets traiteurs et pots conviviaux quand les montants étaient inférieurs au seuil des appels d’offre.

Le collectif Sunucoop travaille aussi avec la ville de Grigny. Face à de nombreux vendeurs de brochettes à la sauvette devant la gare, la ville de Grigny a mis en place une action pour accompagner la formalisation d’une offre. La ville de Grigny a mobilisé le GRDR qui a réuni un collectif autour d’une recherche-action. Ce collectif d’acteurs, auquel participe le collectif Sunucoop, accompagne la structuration d’un collectif de vendeuses de brochettes et la structuration d’une offre autour d’un lieu. La Ville de Grigny travaille sur le montage d’une cuisine professionnelle.  

De l’avis d’Anna Mourlaque et Martine Ndiaye, la coopérative éphémère représente un outil intéressant pour expérimenter la formalisation : elle permet de tester son activité totalement formalisée sans prendre de risque. Cet outil permet aussi de tester la mutualisation qui à divers points de vues permet de diminuer les coûts de la formalisation. Toutefois pour beaucoup il reste difficile de formaliser tout en conservant un modèle économique tenable.

Ressources 

 

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Étude Alimentation durable & ESS : les liaisons fertiles - Fondation Carasso

Par nature transversale, la transition agroécologique et alimentaire est au carrefour de cultures et d’influences que les acteurs conjuguent au quotidien. Notamment l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qui permet de penser autrement les filières et chaînes de valeur agricoles et offre un cadre fertile pour de nouvelles alliances. Cette nouvelle étude donne la parole aux acteurs de terrain mais aussi à ceux qui les accompagnent et les financent. Sans prétention d’exhaustivité, elle explore les points de rencontre entre la chaîne de valeurs alimentaire et l’ESS, offre des informations pratiques pour se lancer et identifie les voies de développement.

Cette étude s'organise en 3 partie :

  • Quels croisements entre ESS & Alimentation Durable ?
  • Perspectives d’évolution et besoin des acteurs de l’alimentation durable
  • Informations pratiques et ressources à destination des porteurs de projets

Télécharger l'étude Alimentation durable & ESS : les liaisons fertiles

Type de ressource
Autres
Ressource privée
Non
Résumé

Par nature transversale, la transition agroécologique et alimentaire est au carrefour de cultures et d’influences que les acteurs conjuguent au quotidien. Notamment l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) qui permet de penser autrement les filières et chaînes de valeur agricoles et offre un cadre fertile pour de nouvelles alliances. Cette nouvelle étude donne la parole aux acteurs de terrain mais aussi à ceux qui les accompagnent et les financent. Sans prétention d’exhaustivité, elle explore les points de rencontre entre la chaîne de valeurs alimentaire et l’ESS, offre des informations pratiques pour se lancer et identifie les voies de développement.

Cette étude s'organise en 3 partie :

  • Quels croisements entre ESS & Alimentation Durable ?
  • Perspectives d’évolution et besoin des acteurs de l’alimentation durable
  • Informations pratiques et ressources à destination des porteurs de projets

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Fiche Déniché pour vous n°92 : Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne

 Depuis 2012, la Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne - CIAP accompagne les porteurs de projet en installation agricole en Pays de la Loire. Cet outil d’accompagnement innovant et entrepreneurial vise à promouvoir l’agriculture paysanne, à faciliter l’accès au foncier et à concourir à la réussite d’installations agricoles innovantes et intégrées dans la dynamique locale.

Téléchargez la fiche Déniché pour vous n°92 : Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne - CIAP. Décembre 2020.

Mots-clés : alimentation durable, ruralité, foncier.

Site internet : https://ciap-pdl.fr/

dfgh

44323 NANTES

Zone d'action : Région Pays de la Loire

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Depuis 2012, la Coopérative d’Installation en Agriculture Paysanne - CIAP accompagne les porteurs de projet en installation agricole en Pays de la Loire. Cet outil d’accompagnement innovant et entrepreneurial vise à promouvoir l’agriculture paysanne, à faciliter l’accès au foncier et à concourir à la réussite d’installations agricoles innovantes et intégrées dans la dynamique locale.

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Mots-clés : alimentation durable, ruralité, foncier.

Site internet : https://ciap-pdl.fr/

dfgh

44323 NANTES

Zone d'action : Région Pays de la Loire

 

Fiche Déniché pour vous n°91 : Tête Haute

Créée en 2018 en Loire-Atlantique, Tête Haute est la première brasserie artisanale et houblonnière d’insertion en France. Cette entreprise agréée ESUS élabore des bières à partir de matières premières locales issues de l’Agriculture Biologique.

Téléchargez la fiche  Déniché pour vous n°91 : Tête Haute.

Mots-clés : Insertion, alimentation durable

Site internet : https://www.tete-haute.fr

fgvhbh

44521 Couffé

Zone d'action : France

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Créée en 2018 en Loire-Atlantique, Tête Haute est la première brasserie artisanale et houblonnière d’insertion en France. Cette entreprise agréée ESUS élabore des bières à partir de matières premières locales issues de l’Agriculture Biologique.

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Mots-clés : Insertion, alimentation durable

Site internet : https://www.tete-haute.fr

fgvhbh

44521 Couffé

Zone d'action : France

Fiche Déniché pour vous n°89 : GRAP

Créé en 2012, le Groupement Régional Alimentaire de Proximité (Grap), est une Coopérative d’activité et d’emploi (CAE) regroupant des artisans et des commerçants dont l’activité est liée à la transformation ou distribution alimentaire dans un périmètre régional de 150km autour de Lyon. Structurée en SCIC, le GRAP accompagne le développement des filières alimentaires et agricoles de proximité.

Téléchargez la fiche Déniché pour vous n°89 : Groupement Régional Alimentaire de Proximité - Grap.

Mots-clés : alimentation durable, SCIC, ruralité

Site internet : https://www.grap.coop

dfgh

69001 LYON

Zone d'action : Auvergne Rhône-Alpes

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Créé en 2012, le Groupement Régional Alimentaire de Proximité (Grap), est une Coopérative d’activité et d’emploi (CAE) regroupant des artisans et des commerçants dont l’activité est liée à la transformation ou distribution alimentaire dans un périmètre régional de 150km autour de Lyon. Structurée en SCIC, le GRAP accompagne le développement des filières alimentaires et agricoles de proximité.

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Mots-clés : alimentation durable, SCIC, ruralité

Site internet : https://www.grap.coop

dfgh

69001 LYON

Zone d'action : Auvergne Rhône-Alpes

Circuits courts et plateformes de distribution solidaires - conférence en ligne novembre 2020

Dans le cadre de son cycle alimentation durable, le RTES propose chaque mois d’aborder une clé d’entrée spécifique sur le sujet de l’alimentation durable et des leviers dont disposent les collectivités pour agir et transformer notre modèle alimentaire vers plus de soutenabilité, de solidarité et d’ancrage territorial, en lien avec les acteurs de l’ESS. Retour sur les échanges du 20 novembre 2020 autour des circuits courts et plateformes de distribution solidaires, qui a rassemblé 70 participant.e.s.

Stéphanie Dartigue, directrice et fondatrice Le Bocal Local

Le Bocal Local est un atelier chantier d’insertion (ACI) qui travaille avec des personnes très éloignées de l’emploi sur la capacité alimentaire du territoire, avec l’objectif de favoriser une alimentation durable accessible à tous. Le Bocal Local mène des activités de glanage, potaginage®, etc., dans une dynamique de sensibilisation du plus grand nombre et à travers les principes de l’agroécologie et la permaculture. L’association porte également une action d’accompagnement auprès des collectivités sur l’approvisionnement maraîcher de restauration collective, à travers le dispositif TRACE (tremplin vers une régie agricole communale évolutive). 

Lors de la première phase de confinement, le Bocal Local a réalisé qu’il existait de nombreuses initiatives en Gironde autour de l’alimentation qui vont “de la graine à l’assiette”. Le Bocal Local a contacté une partie de ces acteurs girondins (une vingtaine) et ce collectif d’acteurs a souhaité interpeller les élu.e.s de leur territoire afin de leur démontrer qu’il existe déjà de nombreux acteurs, aux statuts variés et complémentaires, qui interviennent sur l’alimentation durable : des structures d'éducation populaire, des structures d’accompagnement (comme Terres de lien), des structures d’approvisionnement local (Supercoop, ZeDrive…), de logistique (distribution, mobilité…). Ces structures ont donc interpellé les futurs élu.e.s via un plaidoyer adressé en mai 2020 (suite aux élections ou entre 2 tours des municipales) afin de mettre en visibilité l’existant, de montrer pourquoi il est important que les territoires se positionnent et pour interroger ces futurs élu.e.s sur leurs ambitions en matière d’alimentation durable. Ce collectif girondin attire l’attention sur la nécessité de se poser la question de la revalorisation de l’existant et de son orchestration, avant de se poser celle de la re-territorialisation. 

Henri Rouillé d'Orfeuil, pilote alimentation durable chez RESOLIS et membre de l'Académie d'Agriculture de France

Henri Rouillé d’Orfeuil présente ensuite l’étude de France Urbaine menée en partenariat avec RESOLIS et Terres en ville. Cette collaboration a été déclenchée par la crise sanitaire, le premier confinement et les mesures prises pour y faire face avec notamment de grandes inquiétudes sur la pérennité de l’approvisionnement alimentaire (la ville de Paris a par exemple 3 jours d’alimentation en réserve). Il y avait urgence à agir car le confinement, du fait de la fermeture des frontières, des marchés, des restaurants, des difficultés de mobilité personnelles, etc. a fait craindre des ruptures dans la chaîne d'approvisionnement. Si veiller aux stocks et à l’approvisionnement est une des premières fonctions régaliennes, les villes ont réagi vite face aux problématiques locales : les producteurs ne pouvant plus écouler leurs productions périssables, il a fallu réparer les circuits de distribution, recréer parfois un maillon de ces circuits, soit en s’appuyant sur des acteurs existants ou en créant de nouvelles alternatives. En parallèle, le hors-marché et l’aide alimentaire se sont étendus : de nombreuses personnes se sont ajoutées aux populations précaires initiales, avec une montée de 30% à 50% du nombre de personnes ayant besoin de l’aide alimentaire. Ces menaces économiques et sociales sont inquiétantes, de telles menaces en 1929 ont donné lieu à des menaces politiques (régimes autoritaires et guerre mondiale), il est donc nécessaire de garder une boussole : la transition, un surcroît de résilience des acteurs et des villes et un surcroît de solidarité.

Cette crise est venue porter un coup d'arrêt dans l’histoire très longue du système alimentaire, traversé par un mouvement de mondialisation depuis le 14è siècle et une agro-industrialisation depuis le 19è siècle qui a intégré dans un système productif ancien toute une série d’intrants et de technologies. Ces résultats ont été plébiscités car ils ont permis d’augmenter considérablement la productivité jusqu’à ce qu’un certain nombre d’interpellations portant sur la santé, l’environnement, la culture émergent il y a une quarantaine d’années et avec elles la conviction de nécessaires transitions. Avec la crise deux évidences apparaissent : la vulnérabilité et la dépendance de notre système alimentaire et la volonté de développer la résilience des territoires et de ne pas dépendre du monde entier.

Pour cette étude, France Urbaine, Resolis et Terres en ville ont mené une enquête auprès de 30 villes et en parallèle, France Urbaine a interpellé l’Etat sur la décision de fermer les marchés de plein vent : le gouvernement est un peu revenu en arrière et 25% des marchés ont pu réouvrir. Cette enquête fait ressortir un ensemble de constats : 

  • une montée en puissance de l’organisation collective : l’alliance des territoires et les synergies entre les acteurs de la chaîne ; 
  • des évolutions dans le système alimentaire : prise de conscience des enjeux agroécologiques, présence du numérique qui va s’installer, évolution des pratiques alimentaires : local, bio… (pas directement liée au confinement mais confirmé par celui-ci) ; 
  • une forte mobilisation citoyenne notamment auprès des publics vulnérables et la conviction que l’évolution des modèles ne passera que par la mobilisation des citoyens ; 
  • des villes à la manœuvre sur l’ensemble de ces points.

 

Quels sont les leviers d’action des collectivités ?

  • Déclarations politiques
  • Plaidoyer vers l’Europe : les villes et grandes villes ont des moyens politiques très importants en lien avec les régions chargées du 2ème pilier de la PAC.
  • Agir sur la restauration collective : via son dispositif d’accompagnement TRACE, le Bocal Local observe une demande grandissante de la part des collectivités locales à être accompagnées sur la restauration collective aussi car la loi Egalim impose aux collectivités de s'approvisionner en produits durables de qualité, et à 20% en bio très prochainement. Ceci pose également la question du code de la commande publique qui ne reconnaît pas la proximité comme critère d’achat.
  • Agir sur l’aide alimentaire afin qu’elle se rapproche des productions locales.
  • Agir en co-construction, coopération, …en ce sens les PAT (Projet alimentaires territoriaux) ont le mérite de mettre toutes les parties prenantes en mouvement.

Julien Ravello, conseiller à l’ESS et aux circuits courts à la ville de Villeurbanne, témoigne du fait que le sujet de l’agriculture et de l’alimentation est un sujet fort de la nouvelle équipe avec la volonté de faire émerger des politiques publiques sur l’alimentation. Sur l’agriculture, la ville de Villeurbanne n’a pas de foncier agricole a proprement parlé et ne peut donc pas beaucoup intervenir sur l’amont, hormis à travers le PAT métropolitain. Il y a cependant une ambition forte pour développer de l’agriculture urbaine et du maraîchage urbain sur quelques parcelles afin d’alimenter la cuisine centrale. Un fort levier d’action de la ville de Villeurbanne est la commande publique et la cuisine centrale qui est en régie, ce qui leur permet une maîtrise des approvisionnements (9000 repas jour). La ville de Villeurbanne travaille également sur l’enjeu de l’accès à une alimentation de qualité pour les personnes les plus pauvres en développant par exemple des programmes de lutte contre la précarité alimentaire en lien avec les CCAS. Sur ce point, Julien Ravello considère que la politique actuelle de don alimentaire est très contestable. Une initiative, née à Villeurbanne, VRAC travaille justement sur l’accessibilité des habitants des quartiers politique de la ville à de la nourriture de qualité. Julien Ravello présente également une initiative de la métropole du Grand Lyon de réflexion pour des MIT (Marchés d’Intérêt Territoriaux), qui constitue selon lui une piste à creuser et qui pourrait prendre la forme de SCIC, avec une approche globale : production, achats, distribution, logistique dernier kilomètre, etc.


Aude Simmermann, chargée de mission économie circulaire alimentaire, au conseil départemental de Meurthe et Moselle, présente les actions du département, animateur d’un PAT qui regroupe 6 pays du sud du département depuis 2017. Dans ce cadre des groupes de travail sont organisés sur les questions environnementales, communication pour rapprocher offre et demande, les questions foncières, de logistique, de distribution. Suite à une première phase de diagnostics, ils devraient entrer dans une phase opérationnelle en 2021. Le département travaille notamment avec la Métropole du Grand Nancy sur un Rungis local : plateforme d’approvisionnement des métiers de bouche et restauration collective de la métropole. Le département porte également le dispositif Paniers Collèges qui s’adresse aux collèges ayant une cuisine de production : le département propose chaque mois aux collèges de commander des produits bio et/ou locaux auprès de 2 plateformes de distribution. A partir de 500€ d’achats mensuels, le département reverse en subvention 20% du bon de commande, prenant ainsi en charge le surcoût que l’achat en bio et local de qualité représente. En parallèle, un travail de lutte contre le gaspillage alimentaire est mené.

 

Ressources 

 

 

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Dans le cadre de son cycle alimentation durable, le RTES propose chaque mois d’aborder une clé d’entrée spécifique sur le sujet de l’alimentation durable et des leviers dont disposent les collectivités pour agir et transformer notre modèle alimentaire vers plus de soutenabilité, de solidarité et d’ancrage territorial, en lien avec les acteurs de l’ESS. Retour sur les échanges du 20 novembre 2020 autour des circuits courts et plateformes de distribution solidaires, qui a rassemblé 70 participant.e.s.

Stéphanie Dartigue, directrice et fondatrice Le Bocal Local

Le Bocal Local est un atelier chantier d’insertion (ACI) qui travaille avec des personnes très éloignées de l’emploi sur la capacité alimentaire du territoire, avec l’objectif de favoriser une alimentation durable accessible à tous. Le Bocal Local mène des activités de glanage, potaginage®, etc., dans une dynamique de sensibilisation du plus grand nombre et à travers les principes de l’agroécologie et la permaculture. L’association porte également une action d’accompagnement auprès des collectivités sur l’approvisionnement maraîcher de restauration collective, à travers le dispositif TRACE (tremplin vers une régie agricole communale évolutive). 

Lors de la première phase de confinement, le Bocal Local a réalisé qu’il existait de nombreuses initiatives en Gironde autour de l’alimentation qui vont “de la graine à l’assiette”. Le Bocal Local a contacté une partie de ces acteurs girondins (une vingtaine) et ce collectif d’acteurs a souhaité interpeller les élu.e.s de leur territoire afin de leur démontrer qu’il existe déjà de nombreux acteurs, aux statuts variés et complémentaires, qui interviennent sur l’alimentation durable : des structures d'éducation populaire, des structures d’accompagnement (comme Terres de lien), des structures d’approvisionnement local (Supercoop, ZeDrive…), de logistique (distribution, mobilité…). Ces structures ont donc interpellé les futurs élu.e.s via un plaidoyer adressé en mai 2020 (suite aux élections ou entre 2 tours des municipales) afin de mettre en visibilité l’existant, de montrer pourquoi il est important que les territoires se positionnent et pour interroger ces futurs élu.e.s sur leurs ambitions en matière d’alimentation durable. Ce collectif girondin attire l’attention sur la nécessité de se poser la question de la revalorisation de l’existant et de son orchestration, avant de se poser celle de la re-territorialisation. 

Henri Rouillé d'Orfeuil, pilote alimentation durable chez RESOLIS et membre de l'Académie d'Agriculture de France

Henri Rouillé d’Orfeuil présente ensuite l’étude de France Urbaine menée en partenariat avec RESOLIS et Terres en ville. Cette collaboration a été déclenchée par la crise sanitaire, le premier confinement et les mesures prises pour y faire face avec notamment de grandes inquiétudes sur la pérennité de l’approvisionnement alimentaire (la ville de Paris a par exemple 3 jours d’alimentation en réserve). Il y avait urgence à agir car le confinement, du fait de la fermeture des frontières, des marchés, des restaurants, des difficultés de mobilité personnelles, etc. a fait craindre des ruptures dans la chaîne d'approvisionnement. Si veiller aux stocks et à l’approvisionnement est une des premières fonctions régaliennes, les villes ont réagi vite face aux problématiques locales : les producteurs ne pouvant plus écouler leurs productions périssables, il a fallu réparer les circuits de distribution, recréer parfois un maillon de ces circuits, soit en s’appuyant sur des acteurs existants ou en créant de nouvelles alternatives. En parallèle, le hors-marché et l’aide alimentaire se sont étendus : de nombreuses personnes se sont ajoutées aux populations précaires initiales, avec une montée de 30% à 50% du nombre de personnes ayant besoin de l’aide alimentaire. Ces menaces économiques et sociales sont inquiétantes, de telles menaces en 1929 ont donné lieu à des menaces politiques (régimes autoritaires et guerre mondiale), il est donc nécessaire de garder une boussole : la transition, un surcroît de résilience des acteurs et des villes et un surcroît de solidarité.

Cette crise est venue porter un coup d'arrêt dans l’histoire très longue du système alimentaire, traversé par un mouvement de mondialisation depuis le 14è siècle et une agro-industrialisation depuis le 19è siècle qui a intégré dans un système productif ancien toute une série d’intrants et de technologies. Ces résultats ont été plébiscités car ils ont permis d’augmenter considérablement la productivité jusqu’à ce qu’un certain nombre d’interpellations portant sur la santé, l’environnement, la culture émergent il y a une quarantaine d’années et avec elles la conviction de nécessaires transitions. Avec la crise deux évidences apparaissent : la vulnérabilité et la dépendance de notre système alimentaire et la volonté de développer la résilience des territoires et de ne pas dépendre du monde entier.

Pour cette étude, France Urbaine, Resolis et Terres en ville ont mené une enquête auprès de 30 villes et en parallèle, France Urbaine a interpellé l’Etat sur la décision de fermer les marchés de plein vent : le gouvernement est un peu revenu en arrière et 25% des marchés ont pu réouvrir. Cette enquête fait ressortir un ensemble de constats : 

  • une montée en puissance de l’organisation collective : l’alliance des territoires et les synergies entre les acteurs de la chaîne ; 
  • des évolutions dans le système alimentaire : prise de conscience des enjeux agroécologiques, présence du numérique qui va s’installer, évolution des pratiques alimentaires : local, bio… (pas directement liée au confinement mais confirmé par celui-ci) ; 
  • une forte mobilisation citoyenne notamment auprès des publics vulnérables et la conviction que l’évolution des modèles ne passera que par la mobilisation des citoyens ; 
  • des villes à la manœuvre sur l’ensemble de ces points.

 

Quels sont les leviers d’action des collectivités ?

  • Déclarations politiques
  • Plaidoyer vers l’Europe : les villes et grandes villes ont des moyens politiques très importants en lien avec les régions chargées du 2ème pilier de la PAC.
  • Agir sur la restauration collective : via son dispositif d’accompagnement TRACE, le Bocal Local observe une demande grandissante de la part des collectivités locales à être accompagnées sur la restauration collective aussi car la loi Egalim impose aux collectivités de s'approvisionner en produits durables de qualité, et à 20% en bio très prochainement. Ceci pose également la question du code de la commande publique qui ne reconnaît pas la proximité comme critère d’achat.
  • Agir sur l’aide alimentaire afin qu’elle se rapproche des productions locales.
  • Agir en co-construction, coopération, …en ce sens les PAT (Projet alimentaires territoriaux) ont le mérite de mettre toutes les parties prenantes en mouvement.

Julien Ravello, conseiller à l’ESS et aux circuits courts à la ville de Villeurbanne, témoigne du fait que le sujet de l’agriculture et de l’alimentation est un sujet fort de la nouvelle équipe avec la volonté de faire émerger des politiques publiques sur l’alimentation. Sur l’agriculture, la ville de Villeurbanne n’a pas de foncier agricole a proprement parlé et ne peut donc pas beaucoup intervenir sur l’amont, hormis à travers le PAT métropolitain. Il y a cependant une ambition forte pour développer de l’agriculture urbaine et du maraîchage urbain sur quelques parcelles afin d’alimenter la cuisine centrale. Un fort levier d’action de la ville de Villeurbanne est la commande publique et la cuisine centrale qui est en régie, ce qui leur permet une maîtrise des approvisionnements (9000 repas jour). La ville de Villeurbanne travaille également sur l’enjeu de l’accès à une alimentation de qualité pour les personnes les plus pauvres en développant par exemple des programmes de lutte contre la précarité alimentaire en lien avec les CCAS. Sur ce point, Julien Ravello considère que la politique actuelle de don alimentaire est très contestable. Une initiative, née à Villeurbanne, VRAC travaille justement sur l’accessibilité des habitants des quartiers politique de la ville à de la nourriture de qualité. Julien Ravello présente également une initiative de la métropole du Grand Lyon de réflexion pour des MIT (Marchés d’Intérêt Territoriaux), qui constitue selon lui une piste à creuser et qui pourrait prendre la forme de SCIC, avec une approche globale : production, achats, distribution, logistique dernier kilomètre, etc.

 

Aude Simmermann, chargée de mission économie circulaire alimentaire, au conseil départemental de Meurthe et Moselle, présente les actions du département, animateur d’un PAT qui regroupe 6 pays du sud du département depuis 2017. Dans ce cadre des groupes de travail sont organisés sur les questions environnementales, communication pour rapprocher offre et demande, les questions foncières, de logistique, de distribution. Suite à une première phase de diagnostics, ils devraient entrer dans une phase opérationnelle en 2021. Le département travaille notamment avec la Métropole du Grand Nancy sur un Rungis local : plateforme d’approvisionnement des métiers de bouche et restauration collective de la métropole. Le département porte également le dispositif Paniers Collèges qui s’adresse aux collèges ayant une cuisine de production : le département propose chaque mois aux collèges de commander des produits bio et/ou locaux auprès de 2 plateformes de distribution. A partir de 500€ d’achats mensuels, le département reverse en subvention 20% du bon de commande, prenant ainsi en charge le surcoût que l’achat en bio et local de qualité représente. En parallèle, un travail de lutte contre le gaspillage alimentaire est mené.

 

Ressources 

 

 

Quelles alliances entre territoires urbains et ruraux pour une alimentation durable ? - cycle alimentation durable

Le 16 octobre 2020, à l'occasion de la journée mondiale de l'Alimentation, le RTES entamait un cycle de débats sur l'alimentation durable avec un premier échange autour de cette question : Quelles alliances entre territoires urbains et ruraux pour une alimentation durable ? Comment inscrire l’ESS au cœur de la gouvernance alimentaire territoriale : production, distribution au consommateur, transport des marchandises, etc. ? Quelles synergies acteurs/collectivités mettre en action ?

 

Mahel Coppey, vice-présidente déléguée à l’Economie Sociale et Solidaire et l’économie circulaire, Nantes Métropole

L’enjeu de l’alimentation durable est un enjeu complexe à plusieurs facettes : production, consommation, acheminement, accessibilité au foncier... elle concerne donc beaucoup de politiques publiques.

Sur Nantes Métropole, de nombreux acteurs et écosystèmes de l’alimentation sont organisés. En 2014, la Métropole a en effet souhaité structurer les acteurs de l’ESS de l’alimentation, car il y avait alors beaucoup de petits projets à forte qualité et qu’il est apparu nécessaire de stimuler des projets plus conséquents et faire dialoguer le monde urbain et le monde rural. Une feuille de route a donc été rédigée, non pas pour poser l’enjeu de l’autonomie alimentaire de Nantes Métropole, ce qui n’aurait aucun sens, mais pour définir les orientations en matières de circuits courts alimentaires : comment favoriser une consommation de produits locaux et l’agriculture paysanne ? Comment favoriser la logistique pour les acteurs de l’alimentation ? Comment garantir un juste prix aux producteurs ? Comment manger mieux pour une meilleure santé ? Comment réduire le gaspillage alimentaire ? Cette feuille de route a pu s’appuyer sur le projet d’ouverture d’un nouveau MIN entre 2014 et 2020 (un des plus gros de France après Rungis) qui a été l’opportunité de repositionner les producteurs locaux dans cet outil.

Durant 2 ans, Nantes Métropole a travaillé, via l’élaboration du PAT (Projet Alimentaire Territorial) sur la gouvernance alimentaire territoriale. Elle a pu s’appuyer pour ce faire sur la communauté d’acteurs de l’ESS qui s’engage sur les objectifs alimentaires, structurée depuis 2014, qui représente un vivier de porteurs de projets déjà organisés. Le PAT est un outil très important car il définit la relation, l’alliance entre territoires. Mahel Coppey insiste sur la nécessité d’aller plus loin, vers la coopération entre territoires, en s’appuyant par exemple sur les contrats de réciprocité. Nantes Métropole a signé un contrat de réciprocité avec le Pays de Retz en 2019, qui inclut plusieurs axes dont celui de l’alimentation. Ces espaces de dialogues et d’interconnaissance entre territoires sont essentiels pour dépasser les caricatures, les réflexes et habitudes et permettent d’aller vers davantage de co-construction, ils permettent de mettre de la démocratie dans nos assiettes.

Il est ensuite nécessaire de transformer les orientations politiques en actions concrètes et les collectivités disposent de plusieurs leviers d’action pour cela : la structuration des acteurs de l’ESS comme déjà évoqué (exemple du projet multi-acteurs, le kiosque paysan qui fédère près de 100 paysans). Le levier de la commande publique pour favoriser le développement d’une agriculture bio locale dans la restauration collective... avec l’exemple de Rennes Métropole qui va jusqu’à poser la préservation de la qualité de l’eau comme critère de ses appels d’offre. Et enfin agir sur le foncier en protégeant les terres agricoles de la Métropole ou en développant des infrastructures du dernier km par exemple.

Dominique Hays, Directeur Les Anges Gardins et du PTCE écopôle alimentaire, président du Réseau Cocagne

Il est essentiel d’opérer cette coopération entre territoires car les villes, pour des raisons agronomiques, ne peuvent être autosuffisantes. Il est nécessaire de laisser la capacité aux territoires de varier leurs cultures, respecter le principe de l’assolement (la rotation des terres) et ne pas rentrer dans une spécialisation de produits. Une des grandes tendances qui consiste à faire de l’agriculture compatible avec des espaces restreints, à l’exception d’agricultures de précision, s’appuie sur des nouvelles technologies directement en prise avec les GAFA (acteurs dont on ne sait pas ce qu’ils feront de quelque chose d’aussi importante que l’alimentation). Ainsi se pencher quelques peu sur l’agronomie nous défend de toute ambition d’autonomie et place la coopération entre territoires comme une nécessité.

Il est donc nécessaire de mettre cette coopération très concrètement en œuvre et de s’appuyer pour cela sur des outils, les écopôles alimentaires, qui sont des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) soit  un statut définit dans la loi ESS de 2014. Il s’agit d’organiser la complémentarité des productions (se parler et ne pas tous faire la même chose en même temps), avoir une logistique territoriale de stockage adaptée, faire preuve d’adaptation à l’innovation et accorder de la crédibilité à l’IAE et autres acteurs qui peuvent prendre en mains les maillons manquants. Par exemple sur Lens-Liévin, les Anges Gardins produisent plutôt du fruit, car personne d’autre ne s’en empare.

Le rôle des écopôles est de participer à la formation des acteurs : vous pouvez toujours affirmer que vous aller faire 30% de bio local dans la restauration collective, si vous n’expliquez pas au cuisinier ce que cela suppose en terme d’évolution des pratiques, il aura beau jeu de se méfier de cette nouvelle injonction. Aujourd’hui les changements climatiques vont plus vite que les évolutions professionnelles, il n’est donc plus seulement question de militer, il faut s’adapter très concrètement : se former et faire évoluer les pratiques.

Pour répondre à ces enjeux, l’écopôle alimentaire d’Audruicq fait émerger un nouveau modèle économique qui emprunte à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération c'est-à-dire des modèles économiques qui trouvent leur solvabilité par le fait qu’ils combinent les usages et les fonctions et donc s’autorisent à associer toutes les parties prenantes. Les nouveaux modèles agricoles n’ont jamais eu la quantité d’aides dont a bénéficié l’agriculture conventionnelle avec la PAC, les collectivités ont donc leur rôle à jouer pas seulement dans le soutien des PAT, mais dans le soutien aux émanations concrètes.  Il y a également au sein de l’écopôle alimentaire d’Audruicq et plus largement au sein du réseau Cocagne, des réflexions sur des outils comme les caisses de sécurité sociale alimentaire, les monnaies spéciales pour aborder des modèles de consommation vertueuse (par exemple la Manne : qui permet d’accéder à une alimentation de qualité en contrepartie de ses engagements sur le territoire).

Les besoins sont pressants et il faut vite se mettre à la tache. Il est important que les collectivités rendent le plus vite possible les choses possibles : jouer un rôle dans l’acquisition de terres, de bâti, que la logistique suive, qu’elles soient garantes des biens communs (est-ce bien aux acteurs d’en être acquéreur ?). Il y a besoin d’alliances d’un nouveau genre entre acteurs et collectivités, ce qui suppose que les collectivités envisagent les acteurs comme des pairs.

 

Luc Bodiguel, Directeur de recherche au CNRS, Droit et changement social, Chargé d'enseignement à la Faculté de Droit de Nantes, membre du projet de recherche FRUGAL « Formes urbaines et gouvernance alimentaire »

Le contrat de recherche FRUGAL porte sur les flux et les formes des aires urbaines alimentaires. Cette recherche a permis le développement d’outils d’aide à la décision pour les PAT ou assimilés : création par exemple d’un modèle de frise chronologique qui permet de comparer les gouvernances alimentaires territoriales de plusieurs villes et met en évidence le fait que la capacité à innover des villes dépend en grande partie de l’existence de partenariats établis avec des acteurs de l’alimentation depuis de longues années et ce notamment face à la crise Covid-19. FRUGAL a également permis de réaliser un  panorama des outils juridiques accessibles aux collectivités, un outil d’autodiagnostic sur l’accessibilité à une alimentation durable, une série de monographies (épiceries solidaires, marques territoriales, etc.).

Les enseignements de FRUGAL : les collectivités territoriales constituent des acteurs structurants de la gouvernance alimentaire, elles sont même bien souvent au cœur des systèmes alimentaires territoriaux. Les collectivités disposent de nombreuses compétences et d’outils juridiques pour pouvoir agir. Les différentes études de cas étudiées mettent en évidence que les particularités locales sont essentielles et qu’il n’y a pas de modélisation possible des gouvernances alimentaires. Chaque collectivité doit ainsi trouver son mode de fonctionnement lié à son écosystème, sa population...

- Présentation du projet de recherche FRUGAL Luc Bodiguel

- le site du projet de recherche/action FRUGAL

 

Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

Le 16 octobre 2020, à l'occasion de la journée mondiale de l'Alimentation, le RTES entamait un cycle de débats sur l'alimentation durable avec un premier échange autour de cette question : Quelles alliances entre territoires urbains et ruraux pour une alimentation durable ? Comment inscrire l’ESS au cœur de la gouvernance alimentaire territoriale : production, distribution au consommateur, transport des marchandises, etc. ? Quelles synergies acteurs/collectivités mettre en action ?

 

Mahel Coppey, vice-présidente déléguée à l’Economie Sociale et Solidaire et l’économie circulaire, Nantes Métropole

L’enjeu de l’alimentation durable est un enjeu complexe à plusieurs facettes : production, consommation, acheminement, accessibilité au foncier... elle concerne donc beaucoup de politiques publiques.

Sur Nantes Métropole, de nombreux acteurs et écosystèmes de l’alimentation sont organisés. En 2014, la Métropole a en effet souhaité structurer les acteurs de l’ESS de l’alimentation, car il y avait alors beaucoup de petits projets à forte qualité et qu’il est apparu nécessaire de stimuler des projets plus conséquents et faire dialoguer le monde urbain et le monde rural. Une feuille de route a donc été rédigée, non pas pour poser l’enjeu de l’autonomie alimentaire de Nantes Métropole, ce qui n’aurait aucun sens, mais pour définir les orientations en matières de circuits courts alimentaires : comment favoriser une consommation de produits locaux et l’agriculture paysanne ? Comment favoriser la logistique pour les acteurs de l’alimentation ? Comment garantir un juste prix aux producteurs ? Comment manger mieux pour une meilleure santé ? Comment réduire le gaspillage alimentaire ? Cette feuille de route a pu s’appuyer sur le projet d’ouverture d’un nouveau MIN entre 2014 et 2020 (un des plus gros de France après Rungis) qui a été l’opportunité de repositionner les producteurs locaux dans cet outil.

Durant 2 ans, Nantes Métropole a travaillé, via l’élaboration du PAT (Projet Alimentaire Territorial) sur la gouvernance alimentaire territoriale. Elle a pu s’appuyer pour ce faire sur la communauté d’acteurs de l’ESS qui s’engage sur les objectifs alimentaires, structurée depuis 2014, qui représente un vivier de porteurs de projets déjà organisés. Le PAT est un outil très important car il définit la relation, l’alliance entre territoires. Mahel Coppey insiste sur la nécessité d’aller plus loin, vers la coopération entre territoires, en s’appuyant par exemple sur les contrats de réciprocité. Nantes Métropole a signé un contrat de réciprocité avec le Pays de Retz en 2019, qui inclut plusieurs axes dont celui de l’alimentation. Ces espaces de dialogues et d’interconnaissance entre territoires sont essentiels pour dépasser les caricatures, les réflexes et habitudes et permettent d’aller vers davantage de co-construction, ils permettent de mettre de la démocratie dans nos assiettes.

Il est ensuite nécessaire de transformer les orientations politiques en actions concrètes et les collectivités disposent de plusieurs leviers d’action pour cela : la structuration des acteurs de l’ESS comme déjà évoqué (exemple du projet multi-acteurs, le kiosque paysan qui fédère près de 100 paysans). Le levier de la commande publique pour favoriser le développement d’une agriculture bio locale dans la restauration collective... avec l’exemple de Rennes Métropole qui va jusqu’à poser la préservation de la qualité de l’eau comme critère de ses appels d’offre. Et enfin agir sur le foncier en protégeant les terres agricoles de la Métropole ou en développant des infrastructures du dernier km par exemple.

Dominique Hays, Directeur Les Anges Gardins et du PTCE écopôle alimentaire, président du Réseau Cocagne

Il est essentiel d’opérer cette coopération entre territoires car les villes, pour des raisons agronomiques, ne peuvent être autosuffisantes. Il est nécessaire de laisser la capacité aux territoires de varier leurs cultures, respecter le principe de l’assolement (la rotation des terres) et ne pas rentrer dans une spécialisation de produits. Une des grandes tendances qui consiste à faire de l’agriculture compatible avec des espaces restreints, à l’exception d’agricultures de précision, s’appuie sur des nouvelles technologies directement en prise avec les GAFA (acteurs dont on ne sait pas ce qu’ils feront de quelque chose d’aussi importante que l’alimentation). Ainsi se pencher quelques peu sur l’agronomie nous défend de toute ambition d’autonomie et place la coopération entre territoires comme une nécessité.

Il est donc nécessaire de mettre cette coopération très concrètement en œuvre et de s’appuyer pour cela sur des outils, les écopôles alimentaires, qui sont des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), tels que reconnus dans la loi ESS de 2014. Il s’agit d’organiser la complémentarité des productions (se parler et ne pas tous faire la même chose en même temps), avoir une logistique territoriale de stockage adaptée, faire preuve d’adaptation à l’innovation et accorder de la crédibilité à l’IAE et autres acteurs qui peuvent prendre en mains les maillons manquants. Par exemple sur Lens-Liévin, les Anges Gardins produisent plutôt du fruit, car personne d’autre ne s’en empare.

Le rôle des écopôles est de participer à la formation des acteurs : vous pouvez toujours affirmer que vous allez faire 30% de bio local dans la restauration collective, si vous n’expliquez pas au cuisinier ce que cela suppose en terme d’évolution des pratiques, il aura beau jeu de se méfier de cette nouvelle injonction. Aujourd’hui les changements climatiques vont plus vite que les évolutions professionnelles, il n’est donc plus seulement question de militer, il faut s’adapter très concrètement : se former et faire évoluer les pratiques.

Pour répondre à ces enjeux, l’écopôle alimentaire d’Audruicq fait émerger un nouveau modèle économique qui emprunte à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération c'est-à-dire des modèles économiques qui trouvent leur solvabilité par le fait qu’ils combinent les usages et les fonctions et donc s’autorisent à associer toutes les parties prenantes. Les nouveaux modèles agricoles n’ont jamais eu la quantité d’aides dont a bénéficié l’agriculture conventionnelle avec la PAC, les collectivités ont donc leur rôle à jouer pas seulement dans le soutien des PAT, mais dans le soutien aux émanations concrètes.  Il y a également au sein de l’écopôle alimentaire d’Audruicq et plus largement au sein du réseau Cocagne, des réflexions sur des outils comme les caisses de sécurité sociale alimentaire, les monnaies spéciales pour aborder des modèles de consommation vertueuse (par exemple la Manne : qui permet d’accéder à une alimentation de qualité en contrepartie de ses engagements sur le territoire).

Les besoins sont pressants et il faut vite se mettre à la tache. Il est important que les collectivités rendent le plus vite possible les choses possibles : jouer un rôle dans l’acquisition de terres, de bâti, que la logistique suive, qu’elles soient garantes des biens communs (est-ce bien aux acteurs d’en être acquéreur ?). Il y a besoin d’alliances d’un nouveau genre entre acteurs et collectivités, ce qui suppose que les collectivités envisagent les acteurs comme des pairs.

 

Luc Bodiguel, Directeur de recherche au CNRS, Droit et changement social, Chargé d'enseignement à la Faculté de Droit de Nantes, membre du projet de recherche FRUGAL « Formes urbaines et gouvernance alimentaire »

Le contrat de recherche FRUGAL porte sur les flux et les formes des aires urbaines alimentaires. Cette recherche a permis le développement d’outils d’aide à la décision pour les PAT ou assimilés : création par exemple d’un modèle de frise chronologique qui permet de comparer les gouvernances alimentaires territoriales de plusieurs villes et met en évidence le fait que la capacité à innover des villes dépend en grande partie de l’existence de partenariats établis avec des acteurs de l’alimentation depuis de longues années et ce notamment face à la crise Covid-19. FRUGAL a également permis de réaliser un  panorama des outils juridiques accessibles aux collectivités, un outil d’autodiagnostic sur l’accessibilité à une alimentation durable, une série de monographies (épiceries solidaires, marques territoriales, etc.).

Les enseignements de FRUGAL : les collectivités territoriales constituent des acteurs structurants de la gouvernance alimentaire, elles sont même bien souvent au cœur des systèmes alimentaires territoriaux. Les collectivités disposent de nombreuses compétences et d’outils juridiques pour pouvoir agir. Les différentes études de cas étudiées mettent en évidence que les particularités locales sont essentielles et qu’il n’y a pas de modélisation possible des gouvernances alimentaires. Chaque collectivité doit ainsi trouver son mode de fonctionnement lié à son écosystème, sa population...

- Présentation du projet de recherche FRUGAL Luc Bodiguel

- le site du projet de recherche/action FRUGAL

Fiche n°8 : ESS & alimentation durable et accessible à tous

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Catégorie
Type de ressource
Ressources RTES
Ressource privée
Non
Résumé

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