Pratiques culinaires informelles - retours d'expériences de formalisation
Cette conférence en ligne organisée par le RTES, s’inscrit dans le cadre du chantier de travail économie informelle et ESS soutenu par l’ANCT. Elle était l’occasion de partager les retours d'expériences de formalisation de pratiques culinaires informelles : une expérience de Flashcoop menée par la CAE CDP49 sur le territoire d’Angers Loire Métropole, une recherche-action en cours menée à Grigny avec l’appui du GRDR.
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Retour d'expérience de la Flashcoop Mam Cookies, quartier Belle-Beille, Angers
Pascal Viau et Isabelle Petiteau, coopérative d'activité et d'emploi CDP49
La Coopérative d’Activité et d’Emploi CDP49 installée à Angers, sous forme de SARL SCOP, fédère une centaine d’entrepreneurs sur le Maine-et-Loire et est membre du réseau national Coopérer Pour Entreprendre.
Partant du constat que 80% des gens accompagnés sont demandeurs d’emploi et que 25 à 30% d’entre eux retrouvent un emploi, les CAE du réseau Coopérer pour Entreprendre se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles des personnes inscrites dans un processus de création d’activité retrouvent un emploi. Il ressort de leur travaux que le processus de création d’entreprise induit tout un ensemble d'évolutions positives et ont souhaité développer un dispositif qui place ce processus de création d’activité au service de l'insertion des personnes. De là a été créée la Flashcoop : coopérative (très) éphémère sur une durée de 7 jours en présentiel, durant laquelle sont abordées toutes les étapes de la création d’entreprise sous forme collective : définition de l’offre, marque, production, vente, comptabilité, bilan… Ce format a été expérimenté sur 10 territoires en simultané avec le soutien de la BPI (voir le bilan ici).
En lien avec Angers Loire Métropole, il a été décidé d'expérimenter la Flashcoop sur le quartier Belle-Beille à Angers, dans le cadre de la Fabrique à entreprendre. Un groupe de 8 femmes de 25 à 55 ans ayant des pratiques culinaires informelles sur le quartier a ainsi participé à la Flashcoop de production de biscuits Mam Cookies. Cette expérimentation a été menée en lien avec des structures du territoire, avec notamment l’objectif que la Flashcoop soit une étape d’un parcours plus long.
LA CAE CDP49 a accompagné ces femmes, qui savaient déjà cuisiner, sur toutes les étapes de la création d’activité, sur des points liés à la sécurité au travail, les normes d’hygiène, etc. Ces 7 jours sont aussi l’occasion de rencontrer des structures qui peuvent les accompagner : le groupement des acteurs économiques, de l’accompagnement, de l’insertion, la collectivité… L’objectif n’était pas qu’elles sortent de la Flashcoop avec un développement d’activité, même si 2 d’entre elles ont créé leur activité, mais de leur proposer un parcours adapté à chacune. Suite à la Flashcoop, une formation normes hygiène a été finalisée, un permis de conduire a été passé, une personne a testé la création de gâteaux à la CAE CDP49, deux personnes ont été suivies par le relais pour l’emploi, …
Rôle spécifique de la collectivité :
Angers Loire Métropole était engagée au travers de la Fabrique à Entreprendre, la collectivité a participé à identifier le quartier le plus adapté, a mis en lien la CAE avec un ensemble d’acteurs du quartier (structure insertion, associations…). Angers Loire Métropole a également participé au comité de pilotage et a suivi l'expérimentation en confiance avec la CAE et sans injonction. Elle a également fourni les locaux et financé l'expérimentation (budget de l’action sur 10 jours : 6000€). “La collectivité a ouvert les portes et nous a facilité les choses”.
Retour d'expérience de la recherche-action menée à Grigny (GRDR / ville de Grigny)
Mathieu Morosini, direction de l'Aménagement et du Renouvellement Urbain et Ouaddah Nouri, chargé de Mission Accompagnement Social ORCOD-IN -Direction de l'Action Sociale, à la ville de Grigny ; Roberta Bocca, cheffe de projet inclusion sociale au GRDR ; Amandine Spire, maître de conférences en géographie à l’Université Paris Diderot (Paris VII)
Grigny est une commune francilienne de 30 000 habitants où le taux de pauvreté est très important. Depuis quelques années, s’est développé sur le parvis de la gare, un phénomène de vente à la sauvette : offre culinaire faite par des dames d’un certain âge et vente de cigarettes plutôt réalisée par des jeunes hommes en situation irrégulière. Une partie de la population s’est sentie agacée par cette activité qui est venue s'agréger à un ensemble de difficultés auxquelles la population est confrontée. Face à une multitude d’enjeux à concilier et au constat que le répressif ne réglait rien, la ville de Grigny qui n’avait pas les outils pour y faire face mais une volonté politique de s’intéresser à l’activité de ces femmes et de voir comment elles pourraient exercer leur activité dans de meilleures conditions, a fait appel au GRDR pour les accompagner en ce sens.
Le GRDR a défini un projet portant sur 2 axes :
- l’accompagnement socio-professionnel d'un groupe de femmes immigrées en précarité vers la formalisation d'une activité génératrice de revenus
- une recherche-action pour faire changer les représentations sur les populations précaires en quartiers politique de la ville et notamment les femmes immigrées, capitaliser les résultats et chercher à modéliser le processus
Ce projet rassemble un grand nombre de partenaires : l’association Réveil qui fonctionne comme une couveuse pour tester l’activité, le CCAS et la ville de Grigny, Grand Paris Sud et le centre de formation de Grigny. Le projet est financé par la ville de Grigny, l’ANCT et le département de l'Essonne sur la dimension insertion par l’activité économique, la Fondation Paris Habitat sur la recherche-action, la DIAN (Direction de l'intégration et de l'accès à la nationalité) sur l’accompagnement des primo-arrivants et la Fondation RAJA sur l’accompagnement.
Les objectifs visés sont :
- analyser de manière approfondie les freins et les atouts des femmes dans leur parcours d'insertion socioprofessionnelle et leur donner une nouvelle visibilité dans l’espace public
- développer un dispositif d’accompagnement vers l'emploi à travers une activité formelle génératrice de revenus inscrite au sein d’une économie sociale, solidaire et collaborative
- développer une offre d’alimentation solidaire et de proximité à Grigny qui répond aux besoins et participer à la remobilisation économique du quartier de la gare de Grigny.
Le GRDR a rencontré 65 femmes, 15 d’entre elles se sont impliquées dans le projet Les Mamas de Grigny qui réunit actuellement 10 cuisinières et 3 personnes en observation.
Depuis mars 2021, un traiteur solidaire est ouvert. Ces femmes travaillent 2 demies-journées par semaine et assurent la production de repas distribués par le CCAS aux personnes les plus vulnérables (800 repas distribués depuis mars 21). Le CCAS en jouant le jeu de la commande publique auprès des Mamas de Grigny a permis de mettre les femmes concernées en situation de prestation et a assuré une solution de rémunération immédiate. Derrière l’ambition est d’ouvrir un restaurant solidaire qui répondra à un besoin de restaurant de proximité, créera de l’emploi durable pour les femmes, sera ouvert aux publics en précarité mais aussi aux employés de la commune. Le local du restaurant solidaire, qui permettra aux femmes d’avoir un lieu de travail plus digne, sans perdre leur visibilité, est en cours d’identification en lien avec la collectivité.
Les femmes engagées dans le projet ont suivi plusieurs formations : HACCP, cuisine et pâtisserie, comptabilité, communication et informatique. L’objectif étant de les amener à être autonomes dans la gestion de leur association. Le GRDR les accompagne également sur leur situation administrative.
Le GRDR et ses partenaires travaillent actuellement sur l’identification du statut le plus approprié pour structurer l’activité des Mamas de Grigny sur le plan administratif et financier, avec l’objectif de stabiliser un revenu régulier pour les femmes concernées.
En parallèle, la recherche-action menée dans le cadre du projet et coordonnée par Amandine Spire permet de créer de la ressource autour de l'expérience, et vise à décloisonner et changer les regards sur les situations de précarité, les parcours migratoires et l’informalité. A travers des méthodes de recherches qualitatives, avec les acteurs des politiques urbaines qui rendent possible l’intervention du GRDR et avec les populations concernées, il s’agit de confronter différents récits de la ville de Grigny autour de ces activités économiques, marquées par des tensions et rapports de forces entre différents types de publics, afin d’objectiver et démêler ces tensions.
Rôle de la collectivité :
- volonté politique
- soutien financier du projet du GRDR
- commande publique du CCAS auprès des Mamas de Grigny pour la réalisation de repas à destination de personnes vulnérables
- travail avec les services préfectoraux sur la situation administrative des femmes
- recherche d’un local adapté pour l’activité de restaurant solidaire des Mamas de Grigny et réponse à des appels à projets pour l’investissement matériel de la cuisine de celui-ci
Ressources :
Cette conférence en ligne organisée par le RTES, s’inscrit dans le cadre du chantier de travail économie informelle et ESS soutenu par l’ANCT. Elle était l’occasion de partager les retours d'expériences de formalisation de pratiques culinaires informelles : une expérience de Flashcoop menée par la CAE CDP49 sur le territoire d’Angers Loire Métropole, une recherche-action en cours menée à Grigny avec l’appui du GRDR.
(Re)voir la conférence en ligne
Retour d'expérience de la Flashcoop Mam Cookies, quartier Belle-Beille, Angers
Pascal Viau et Isabelle Petiteau, coopérative d'activité et d'emploi CDP49
La Coopérative d’Activité et d’Emploi CDP49 installée à Angers, sous forme de SARL SCOP, fédère une centaine d’entrepreneurs sur le Maine-et-Loire et est membre du réseau national Coopérer Pour Entreprendre.
Partant du constat que 80% des gens accompagnés sont demandeurs d’emploi et que 25 à 30% d’entre eux retrouvent un emploi, les CAE du réseau Coopérer pour Entreprendre se sont interrogés sur les raisons pour lesquelles des personnes inscrites dans un processus de création d’activité retrouvent un emploi. Il ressort de leur travaux que le processus de création d’entreprise induit tout un ensemble d'évolutions positives et ont souhaité développer un dispositif qui place ce processus de création d’activité au service de l'insertion des personnes. De là a été créée la Flashcoop : coopérative (très) éphémère sur une durée de 7 jours en présentiel, durant laquelle sont abordées toutes les étapes de la création d’entreprise sous forme collective : définition de l’offre, marque, production, vente, comptabilité, bilan… Ce format a été expérimenté sur 10 territoires en simultané avec le soutien de la BPI (voir le bilan ici).
En lien avec Angers Loire Métropole, il a été décidé d'expérimenter la Flashcoop sur le quartier Belle-Beille à Angers, dans le cadre de la Fabrique à entreprendre. Un groupe de 8 femmes de 25 à 55 ans ayant des pratiques culinaires informelles sur le quartier a ainsi participé à la Flashcoop de production de biscuits Mam Cookies. Cette expérimentation a été menée en lien avec des structures du territoire, avec notamment l’objectif que la Flashcoop soit une étape d’un parcours plus long.
LA CAE CDP49 a accompagné ces femmes, qui savaient déjà cuisiner, sur toutes les étapes de la création d’activité, sur des points liés à la sécurité au travail, les normes d’hygiène, etc. Ces 7 jours sont aussi l’occasion de rencontrer des structures qui peuvent les accompagner : le groupement des acteurs économiques, de l’accompagnement, de l’insertion, la collectivité… L’objectif n’était pas qu’elles sortent de la Flashcoop avec un développement d’activité, même si 2 d’entre elles ont créé leur activité, mais de leur proposer un parcours adapté à chacune. Suite à la Flashcoop, une formation normes hygiène a été finalisée, un permis de conduire a été passé, une personne a testé la création de gâteaux à la CAE CDP49, deux personnes ont été suivies par le relais pour l’emploi, …
Rôle spécifique de la collectivité :
Angers Loire Métropole était engagée au travers de la Fabrique à Entreprendre, la collectivité a participé à identifier le quartier le plus adapté, a mis en lien la CAE avec un ensemble d’acteurs du quartier (structure insertion, associations…). Angers Loire Métropole a également participé au comité de pilotage et a suivi l'expérimentation en confiance avec la CAE et sans injonction. Elle a également fourni les locaux et financé l'expérimentation (budget de l’action sur 10 jours : 6000€). “La collectivité a ouvert les portes et nous a facilité les choses”.
Retour d'expérience de la recherche-action menée à Grigny (GRDR / ville de Grigny)
Mathieu Morosini, direction de l'Aménagement et du Renouvellement Urbain et Ouaddah Nouri, chargé de Mission Accompagnement Social ORCOD-IN -Direction de l'Action Sociale, à la ville de Grigny ; Roberta Bocca, cheffe de projet inclusion sociale au GRDR ; Amandine Spire, maître de conférences en géographie à l’Université Paris Diderot (Paris VII)
Grigny est une commune francilienne de 30 000 habitants où le taux de pauvreté est très important. Depuis quelques années, s’est développé sur le parvis de la gare, un phénomène de vente à la sauvette : offre culinaire faite par des dames d’un certain âge et vente de cigarettes plutôt réalisée par des jeunes hommes en situation irrégulière. Une partie de la population s’est sentie agacée par cette activité qui est venue s'agréger à un ensemble de difficultés auxquelles la population est confrontée. Face à une multitude d’enjeux à concilier et au constat que le répressif ne réglait rien, la ville de Grigny qui n’avait pas les outils pour y faire face mais une volonté politique de s’intéresser à l’activité de ces femmes et de voir comment elles pourraient exercer leur activité dans de meilleures conditions, a fait appel au GRDR pour les accompagner en ce sens.
Le GRDR a défini un projet portant sur 2 axes :
- l’accompagnement socio-professionnel d'un groupe de femmes immigrées en précarité vers la formalisation d'une activité génératrice de revenus
- une recherche-action pour faire changer les représentations sur les populations précaires en quartiers politique de la ville et notamment les femmes immigrées, capitaliser les résultats et chercher à modéliser le processus
Ce projet rassemble un grand nombre de partenaires : l’association Réveil qui fonctionne comme une couveuse pour tester l’activité, le CCAS et la ville de Grigny, Grand Paris Sud et le centre de formation de Grigny. Le projet est financé par la ville de Grigny, l’ANCT et le département de l'Essonne sur la dimension insertion par l’activité économique, la Fondation Paris Habitat sur la recherche-action, la DIAN (Direction de l'intégration et de l'accès à la nationalité) sur l’accompagnement des primo-arrivants et la Fondation RAJA sur l’accompagnement.
Les objectifs visés sont :
- analyser de manière approfondie les freins et les atouts des femmes dans leur parcours d'insertion socioprofessionnelle et leur donner une nouvelle visibilité dans l’espace public
- développer un dispositif d’accompagnement vers l'emploi à travers une activité formelle génératrice de revenus inscrite au sein d’une économie sociale, solidaire et collaborative
- développer une offre d’alimentation solidaire et de proximité à Grigny qui répond aux besoins et participer à la remobilisation économique du quartier de la gare de Grigny.
Le GRDR a rencontré 65 femmes, 15 d’entre elles se sont impliquées dans le projet Les Mamas de Grigny qui réunit actuellement 10 cuisinières et 3 personnes en observation.
Depuis mars 2021, un traiteur solidaire est ouvert. Ces femmes travaillent 2 demies-journées par semaine et assurent la production de repas distribués par le CCAS aux personnes les plus vulnérables (800 repas distribués depuis mars 21). Le CCAS en jouant le jeu de la commande publique auprès des Mamas de Grigny a permis de mettre les femmes concernées en situation de prestation et a assuré une solution de rémunération immédiate. Derrière l’ambition est d’ouvrir un restaurant solidaire qui répondra à un besoin de restaurant de proximité, créera de l’emploi durable pour les femmes, sera ouvert aux publics en précarité mais aussi aux employés de la commune. Le local du restaurant solidaire, qui permettra aux femmes d’avoir un lieu de travail plus digne, sans perdre leur visibilité, est en cours d’identification en lien avec la collectivité.
Les femmes engagées dans le projet ont suivi plusieurs formations : HACCP, cuisine et pâtisserie, comptabilité, communication et informatique. L’objectif étant de les amener à être autonomes dans la gestion de leur association. Le GRDR les accompagne également sur leur situation administrative.
Le GRDR et ses partenaires travaillent actuellement sur l’identification du statut le plus approprié pour structurer l’activité des Mamas de Grigny sur le plan administratif et financier, avec l’objectif de stabiliser un revenu régulier pour les femmes concernées.
En parallèle, la recherche-action menée dans le cadre du projet et coordonnée par Amandine Spire permet de créer de la ressource autour de l'expérience, et vise à décloisonner et changer les regards sur les situations de précarité, les parcours migratoires et l’informalité. A travers des méthodes de recherches qualitatives, avec les acteurs des politiques urbaines qui rendent possible l’intervention du GRDR et avec les populations concernées, il s’agit de confronter différents récits de la ville de Grigny autour de ces activités économiques, marquées par des tensions et rapports de forces entre différents types de publics, afin d’objectiver et démêler ces tensions.
Rôle de la collectivité :
- volonté politique
- soutien financier du projet du GRDR
- commande publique du CCAS auprès des Mamas de Grigny pour la réalisation de repas à destination de personnes vulnérables
- travail avec les services préfectoraux sur la situation administrative des femmes
- recherche d’un local adapté pour l’activité de restaurant solidaire des Mamas de Grigny et réponse à des appels à projets pour l’investissement matériel de la cuisine de celui-ci